Suivre Finnal et ses sbires fut tâche aisée pour Erin ; après tout, en tant que princesse, elle pouvait vaquer à son gré dans le château, personne n'osait s'y frotter en tant que chevalier, avec sa courte lance à la pointe affûtée au côté, de sorte qu'elle passait pour un bâton.
Que verrait-on vraiment, en la regardant de près ? Une fille plus petite que ses sœurs, portant armure, des cheveux bruns coupés courts pour ne pas offrir de prise lors des combats, à l’expression déterminée. Personne ne devinerait de quoi il retournait, ne pourrait savoir où elle voulait en venir, deviner que tôt ou tard, elle prévoyait de ficher sa lance dans le cœur de Finnal. Les gens se bornaient à voir les princesses pour ce qu'elles étaient, sans voir plus loin que le bout de leur nez.
Les gens étaient stupides.
Pour l'instant, Erin ne faisait que suivre, se frayant un passage parmi la foule du château, des rassemblements de chevaliers aux groupes de serviteurs, tandis que Finnal traversait la cour en direction du grand salon. Des tentes avaient été dressées dans la cour, à l'ombre des hautes murailles, des soldats campaient en attendant les ordres. D'aucuns étaient assis autour de feux de camp, Finnal s'arrêtait avec certains d'entre eux, blaguait et riait. Il distribua des pièces à certains, probablement pour essayer de s'attirer leur dévouement.
Erin ne pouvait pas comprendre ce que sa sœur lui trouvait. Oh, il était plutôt séduisant de prime abord, gracieux et élégant, les pommettes hautes, le sourire aux lèvres. Il portait des vêtements sombres bordés d'argent afin d'attirer les regards sur sa silhouette. Tous s'inclinaient assurément sur son passage, tel l'astre solaire émergeant de derrière un nuage. Mais Lenore méritait mieux ; elle méritait un homme qui l'aime d'amour sincère.
Elle méritait un homme qui n'essaierait pas de l'épouser pour l’emprisonner, n’enverrait pas des malfrats à sa suite simplement parce qu'elle avait osé sortir. Finnal le paierait cher.
Erin sourit en voyant Finnal se frayer un chemin et traverser le grand salon en direction des écuries. Le château était une vraie fourmilière, trouver l’endroit adéquat pour une embuscade s'avérait délicat mais Erin était sûre d'y parvenir. Elle connaissait le lieu idéal.
Erin renonça à son idée de demeurer une ombre silencieuse et traversa la cour jusqu'à atteindre l'angle opposé à celui occupé par Finnal. Elle fit demi-tour, gravit une volée de marches en pierre jusqu'au niveau inférieur du mur d'enceinte et se faufila devant l'un des gardes qui veillait sur les îlots de la cité, avança à pas de loup et se glissa sur le toit des écuries.
Elle s'était cachée ici à maintes reprises dans sa jeunesse, la cachette était idéale pour éviter les leçons d'étiquette que sa mère tenait à lui inculquer, mais également parce qu'un trou ménagé dans la toiture lui permettait de voir les écuries. Erin espionnait les parties de chasse ou les chevaliers se préparant à parcourir le royaume, jalouse qu'ils en aient le droit, et pas elle. Elle s'empara de sa lance et observa, aux aguets.
Passerait-elle vraiment à l'acte ? La nervosité la gagnait, elle avait déjà tué mais jamais de sang-froid. Comptait-elle vraiment tuer le mari de sa sœur, le laisser pour mort dans les écuries ?
La réponse était pourtant simple : si elle ne s'en chargeait pas personnellement, alors qui le ferait ? Oh, Lenore avait parlé de sa servante qui tenterait quelque chose, trouverait une preuve qui les convaincraient de se débarrasser de Finnal plus élégamment, mais quelles étaient ses chances de réussite ? A supposer qu'ils obtiennent des preuves susceptibles de convaincre la plupart, Vars accepterait-il d'annuler le mariage ? C'est lui qui avait fait pression pour que la noce ait lieu sans tarder.
Peut-être, dès lors que leur père se réveillerait, mais son idée était plus rapide, plus expéditive, et … Finnal le méritait. Personne n'avait le droit de menacer la sœur d'Erin.
Elle attendit jusqu'à ce qu'elle entende des voix en contrebas.
"…le plus grand cheval bai," dit Finnal, quelque part en bas.
"Mais monsieur, ce cheval appartient au Prince Rodry."
"Et je souhaite honorer sa mémoire en l'offrant à sa sœur. Elle distinguait le haut de sa tête aux cheveux bouclés. "N'oubliez pas que je suis son mari et que les terres que je possède comptent désormais … hmm, d'où est originaire votre famille, déjà ?"
La menace était à peine voilée, ce qui ne fit qu'ajouter à la colère d'Erin. Cet homme faisait preuve de cruauté depuis qu'il exerçait le pouvoir, il avait bien trompé son monde. Pis encore, il essayait de voler son frère mort et menaçait sa sœur. Erin ne le supporterait pas.
"A moins que je demande au palefrenier."
"Excellente idée. J'attendrai," décréta Finnal.
Le garçon d'écurie ne comptait visiblement pas lui poser la question mais n'avait pas le choix, Finnal attendait. Unique avantage : Finnal resta seul dans les écuries, chevaux mis à part, en pleine ligne de mire d'Erin. Erin s'empara du fourreau de sa lance, le cœur battant à tout rompre. Elle pouvait y arriver, elle devait y arriver, pour sa sœur.
L'angle n'était pas idéal, Erin changea de position sur le toit, ou du moins, essaya. Son pied traversa le toit de chaume, elle lutta pour ne pas crier, elle avait failli tomber. Elle parvint à se rétablir en plantant sa lance dans le chaume.
Erin s'accroupit hors de sa vue de longues secondes. Elle entendait marcher sur le mur d'enceinte mais savait que les gardes ne pourraient pas la voir de là où ils étaient. Elle était plus préoccupée par la probabilité d'avoir effrayé Finnal. Elle osa malgré tout regarder par l'interstice ménagé dans le toit des écuries, il était toujours là, à observer les chevaux comme s'il essayait de déterminer auquel prétendre.
Erin brandit sa lance, ajusta sa prise, prête à tirer. La lance était courte, mais elle ne doutait pas de réussir à la propulser d'ici et atteindre Finnal en plein cœur. Erin inspira profondément, stabilisa sa main, sentit la tension monter et—
Une main se referma sur la hampe de la lance, arrêtant son geste.
"Vous comptez le tuer en plein jour ?" murmura Odd, désapprobateur.
Erin lui tournait le dos. L'ancien chevalier portait toujours l'habit de moine de l'Ile de Leveros, son épée en travers du dos. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il se déplace aussi silencieusement.
"Il doit mourir," siffla Erin, Finnal s'éloignait alors même qu'elle jetait un œil par l'ouverture.
"Que se passera-t-il lorsque vous l'aurez tué ?" demanda Odd. Il n'avait toujours pas lâché son arme. "Primo, votre lance sera fichée dans sa poitrine. Princesse ou pas, on ne peut tuer le fils d'un duc impunément. Vous seriez pendue !"
"Même Vars n'oserait pas me faire pendre," déclara Erin. "Et pour protéger Lenore—”
"Pour protéger votre sœur, vous devez rester en vie !" aboya Odd en écartant Erin. "Faites en sorte de ne pas vous retrouver à moisir dans un cachot, et déclencher une guerre civile qui nous tuera tous."
"Tuer ce … cet individu mettra fin aux problèmes, au contraire," insista Erin.
"Pas quand la moitié des nobles le soutiennent, lui et son père. Cela montrerait au royaume que la monarchie essaie de gouverner sans prendre le moindre avis, ni faire preuve de modération. Faites preuve de sagesse, Erin."
"Vous êtes donc tant au fait ?" lâcha Erin, en regardant Odd et les chevaliers. "Croyez-vous que je ne sache pas qui vous êtes, qui vous étiez ? Vous n'avez certes pas hérité du surnom de Sire Oderick le Sage !"
"Non, ils m'ont surnommé le fou." Il dégaina son épée étincelante du fourreau en un éclair, Erin esquiva de justesse avec sa lance. "Ils m'ont traité de fou. Ils disaient que j'étais un monstre."
Il frappa encore et encore, forçant Erin à reculer, pas à pas.
"Vous croyez que la colère est bonne conseillère ? Je ne connais que ça, la colère." Il frappa encore et encore, Erin était suffisamment hors d’elle pour riposter. Elle avança d'un pas et …
… sauf qu'il n'y eut pas de "et", Erin était au bord du toit. Elle chuta, lâchant sa lance. Elle crut se briser les os sur les pavés plus bas. Sauf qu'Odd ne l'avait pas seulement poussée vers le bord du toit, mais vers le seul endroit avec un point d'eau juste en-dessous. Erin atterrit dans une gerbe d'eau, fut brièvement submergée et ressortit en crachotant.
Odd était déjà en bas, lui tendait sa lance.
"Ça va mieux ?"
"Je me demande ce qui me retient de vous tuer," dit Erin, face à son regard lourd de sens. "Mais … pas encore. Vous avez raison. Je ne peux pas simplement le tuer, n'est-ce pas ?"
Odd secoua la tête et lui lança sa lance. "Nous trouverons un autre moyen. Votre sœur a contracté une union dangereuse, elle a moins d'amis qu'elle ne le pense."
"Elle m'a moi," rétorqua Erin en sortant de l'eau.
"Nous", rectifia Odd.
Erin n'en doutait pas ; elle était reconnaissante de bénéficier de l'aide d'un guerrier aussi vaillant. Finnal pouvait compter sur des appuis, son rang, et même l'amitié de Vars. En revanche, tout ce qu'Erin avait pour l'aider à protéger sa sœur était un ex-chevalier vraisemblablement fou. Erin ferait son possible pour veiller sur Lenore, quitte à en mourir.
Devin examinait – parmi les étranges objets que seul un mage possédait – une carte du royaume dans les appartements de Maître Grey tandis que le sorcier indiquait des points sur cette dernière.
"Mes recherches ont permis d'identifier les lieux où reposent les fragments de l'Epée Inachevée. Un caveau familial dans les collines du grand nord, un sanctuaire à l'extérieur d'un village dans les terres au cœur du royaume," il indiquait un par un une demi-douzaine d'autres lieux.
Devin essayait de comprendre. "Pourquoi disséminer les fragments d'une épée ?"
"Il s'agit d'une arme de pouvoir, une arme trop dangereuse pour être laissée aux mains des hommes en temps de paix."
"Y a-t-il eu des périodes de paix récemment ?" demanda Sire Twell le Planificateur à l'autre bout de la salle. Sire Halfin le Rapide se tenait à ses côtés, les deux Chevaliers d'Argent portaient une cuirasse sous leurs manteaux, leurs boucliers n'affichaient pas d’insigne distinctif. Sire Twell avait été blessé à la bataille mais paraissait bien portant. Sire Halfin se dandinait d'un pied sur l'autre, impatient de bouger.
"Les guerres des hommes ne sont pas ce qui m'inquiète," affirma Maître Grey.
"Alors qu'est-ce qui vous inquiète ?" demanda Devin. Non qu'il attende une réponse. Qui ne vint d'ailleurs pas.
"Récupérer les fragments de l'épée est primordial," expliqua Maître Grey. "Beaucoup sont cachés à la vue de tous, d'autres dans des endroits plus… dangereux. Tu as prouvé grâce à l'épée forgée pour le mariage que tu sais travailler le métal de météorite."
"Merveilleux," décréta Sire Halfin. "Voyager ensemble pour récupérer ce truc. Comme notre périple à la Baie de Cristal."
"Sauf que cette fois, Rodry ne nous accompagnera pas," rétorqua Sire Twell, morose. "Est-ce bien nécessaire, magicien ?"
Maître Grey opina du chef. "Vous ne poseriez pas la question si vous aviez vu ce que j'ai vu."
"Mais justement, je vous la pose," reprit Sire Twell. "Vous comptez envoyer deux chevaliers en pleine zone de guerre."
"J'en enverrais bien plus, si c'était en mon pouvoir," déclara Maître Grey. "Mais vous seriez suivis, si la chose venait à se savoir. Vous deux, plus Devin, serez plus discrets."
Le chevalier soupira, sa réponse n'était manifestement pas ce à quoi il s'attendait. "Y êtes-vous suffisamment préparé ?"
Maître Grey lui lança un regard étrange. "Depuis plus longtemps que vous ne pourriez l'imaginer, Planificateur. Mais si vous parlez dans l’immédiat… des chevaux, des provisions, des armes et de l'or vous attendent en bas. Tout ce dont vous pourriez avoir besoin."
Ce qui rendit le chevalier, sinon heureux, du moins satisfait.
Sire Halfin se tourna vers Devin. "Et toi ? Penses-tu que ce soit une bonne idée ? Fais-tu confiance au sorcier du roi ?"
Devin ne savait pas trop quoi répondre à l'une ou l'autre de ces questions. Maître Grey n'était pas un homme qui inspirait confiance, donnait des réponses, agissait de manière inconsidérée, pas à la hauteur de ses prophéties insondables. Il savait que leur mission ne serait ni sûre, ni facile. Pourtant, il avait vu de ses yeux des choses qu'il n'aurait jamais dû voir, il avait lu certaines des réflexions de Maître Grey quant à cet enfant né sous la lune-dragon, élément vital. S'il était effectivement cet enfant, n'avait-il pas le devoir d'agir ?
"Je pense que nous devons lui faire confiance," répondit Devin en tendant la main vers les autres. "Si cela peut aider le royaume, alors nous devons au moins essayer. Vous nous aiderez ?"
Sire Halfin fut le premier à serrer la main de Devin. "Je le jure. Si non, à quoi serviraient les Chevaliers d'Argent ?"
Sire Twell réfléchit un instant de plus et joignit sa main aux leurs. "Très bien. Je le jure. Mais j'ai une question : comment trouver ces fragments ?"
"Devin saura qu'il s'agit du métal de météorite dès qu'il s'en approchera," déclara Maître Grey. "De plus…" il prit ce qui ressemblait à une carte, et l'étala devant lui. Elle représentait le royaume, montrait les fragments qu'il avait indiqués, mais il y avait autre chose… l'un d'entre eux se déplaçait.
"La magie,“ dit Devin, admiratif et éternellement émerveillé, bien que sachant de quoi Maître Grey était capable.
"La carte vous indiquera l'emplacement des fragments," dit le mage. "Elle devrait vous permettre de vous en approcher. Je suppose que celui en mouvement est en ce moment-même aux mains d'un marchand, qui le considère comme un vulgaire objet de pacotille."
"Alors nous le récupérerons," promit Devin. "Et les autres avec."
"Partez sans tarder, » décréta Maître Grey en posant la main sur l'épaule de Devin. "Il ne nous reste peut-être plus beaucoup de temps, tous combien nous sommes."
"Je vous le jure," affirma Devin, avant de réfléchir un moment. "Mais j'ai d'abord une chose à faire."
Devin s'approcha des appartements de Lenore, le cœur au bord des lèvres. Il n'était pas certain de pouvoir la voir, encore moins de pouvoir lui parler, ou… ou quoi ? Exprimer ce qu'il ressentait ? Tout lui dire, tout en sachant qu'elle était désormais une femme mariée ?
Devin ne savait que faire, quoi dire, ni jusqu'où aller. Il savait simplement qu'il devait agir. Il s'était rendu en ses appartements, fait déjà étrange en soi. Ne devrait-elle pas être dans ceux de Finnal, maintenant qu'elle était sa femme ?
Il fut d'autant plus surpris lorsqu'une tout autre princesse lui ouvrit la porte, une lance à la main, sur le point de l'embrocher.
"Qui êtes-vous ?" demanda la Princesse Erin. "Que voulez-vous ?"
"Tout va bien, Erin," répondit Lenore derrière elle. "C'est Devin, l'ami de Rodry. Laisse-le entrer."
La Princesse Erin lui lança un méchant acéré, comme si elle s'attendait à ce que Devin sorte un couteau et attaque, mais finit par s'écarter.
"Je suppose que vous pouvez entrer si vous êtes un ami de Rodry."
Devin n'avait jamais vu l'intérieur des appartements, et demeura, l'espace d'un instant, déconcerté. Des rideaux de soie bleue drapaient les fenêtres d'un boudoir, Lenore lisait, assise sur un canapé, une silhouette vêtue d'une robe de bure se tenait légèrement à l'écart, le regard perdu dans le lointain. Devin trouva Lenore plus belle que jamais, la fragilité de ses traits de porcelaine emplis d'une détermination nouvelle suite à son enlèvement, ses cheveux presque noirs étaient désormais attachés dans un style plus simple qui lui convenait mieux encore que ses coiffures travaillées d'alors, fruits du talent de ses servantes, et ses yeux… des yeux que Devin aurait pu contempler éternellement.
"Devin," elle lui tendit la main et l'attira afin qu'il s'asseye auprès d'elle. "C'est bon de vous revoir. Je ne pensais pas que vous viendrez jusqu'ici."
"Ai-je le droit de venir jusqu’à vous ?" demanda Devin, perplexe. "Je … ne voudrais pas vous créer d'ennuis."
Qu'un jeune homme de basse naissance rende visite à une princesse dans ses appartements était inhabituel. Il ne voulait pas risquer de mécontenter Lenore.
"Non, je suis contente que vous soyez venu," répondit Lenore, le cœur de Devin bondit. "Je … j'espérais que vous viendriez, mais j'ai pensé que vous n'auriez peut-être pas le temps, Maître Grey vous donne fort à faire. Que vous m'aviez oubliée."
"Je ne pourrais jamais vous oublier," s'exclama Devin, avant de se reprendre. "C'est … j'ai été fort occupé."
"Travailler pour un sorcier doit être étrange. L'épée que vous avez forgé est d'ailleurs fort belle. Je suis persuadée que Rodry aurait…"
Elle ravala le dernier mot, Devin acquiesça, Rodry n'était pas son frère mais il était toujours affecté par sa disparition. "Merci", dit-il, Lenore était la plus à même d'apprécier son ouvrage. "En fait, tel est l'objet de ma venue. Je… Maître Grey m'a confié une mission. Je ne peux pas m'en ouvrir à vous, je vais devoir m'absenter quelque temps."
Devin crut voir une certaine déception dans son regard, ou bien imaginait-il simplement ce qu'elle ressentait, à l'idée de ne pouvoir se voir ?
"C'est… dommage. Vous avoir parmi nous est bien agréable. Il … il me plait de vous savoir ici."
"J'apprécie également," déclara Devin. "Mais je pense devoir accepter, je tenais à, eh bien, vous remettre quelque chose avant mon départ." Il se rendit compte de l'interprétation que Lenore risquait de faire de sa phrase. "Le cadeau de mariage que j'ai forgé est en définitive tombé entre les mains de votre époux."
"Mon mari, oui," dit Lenore, comme si, l'espace d'un instant, elle avait presque oublié Finnal.
Devin saisit sa chance et prit un petit fragment de métal de météorite récupéré dans la forge. Il l'avait façonné, essayant de mettre à profit ses compétences sur ce fragment, le façonnant en une série de cages sphériques s'emboîtant les unes aux autres, chacune se mouvant librement à l'intérieur. Il avait placé un morceau de verre coloré en son centre, de sorte qu'au moindre mouvement, les sphères issues du métal de météorite changeaient de couleur selon l'orientation et le degré de réfraction de la lumière.
"Ce n'est pas grand-chose. Rien comparé à une épée, mais—”
"C'est magnifique", dit Lenore, en le tenant dans la paume de sa main. "J'adore."
Moi aussi je vous aime, aurait voulu rétorquer Devin, mais il ne pouvait pas, il ne devait pas. Pas à une princesse ; une princesse mariée, qui plus est.
"Je le garderai près de moi en souvenir durant votre absence. J'en prendrai grand soin."
"Je … vous m'en voyez ravi," rétorqua Devin. Pourquoi perdait-il son latin en sa présence ? "Je dois y aller, on m'attend."
Il prit brièvement la main de Lenore, ne sachant s'il devait lui faire un baisemain ou pas. Probablement pas. Il se leva et se dirigea vers la porte.
“Devin,” le rappela Lenore avant qu'il ne l'atteigne. Il se retourna, plein d'espoir. “Je… vous allez me manquer.”
“Je vous remercie, vous me manquerez aussi,” avant de se précipiter hors de la pièce, se maudissant de manquer d'à-propos.
Essayer de récupérer les fragments serait assurément un exercice plus aisé que ce dernier ?
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