Vars ne voyait pas l'heure de renvoyer Aethe depuis son arrivée au château, alors qu'il n'était encore qu'un enfant. La femme de son père, qui avait remplacé sa propre mère, avait longtemps été à l’origine de ses déceptions. Elle n'avait eu de cesse de rabâcher aux oreilles de son père, aussi longtemps qu'il s'en souvienne, que Vars était faible, lâche, indigne : que ses filles devaient prendre le pouvoir.
Elle s'était immiscée à plusieurs reprises dans leur conversation. L'avait interrogé sur la façon dont Lenore s'était retrouvée seule, suggérant manifestement qu'elle soupçonnait Vars d'avoir manqué à ses devoirs de gardien. Elle prétendait que ses propres enfants pourraient l'aider à gouverner, Vars savait mieux que quiconque qu'il s'agissait d'une manière détournée de le renverser. Vars risqua un sourire satisfait alors que les gardes emmenaient Aethe dans ses appartements.
"Que faites-vous tous ici ?" demanda-t-il aux gardes et serviteurs. Il constata qu'ils demeuraient là, immobiles. "Croyez-vous que mon père va s'asseoir et demander un verre de vin, ou faire la conversation ?"
La plupart d'entre eux se détournèrent devant ses paroles, comme s'ils refusaient d'écouter. Vars était le régent désormais, ils devaient l'écouter.
"Nous demeurons auprès du roi par loyauté, Votre Altesse," dit l'un des serviteurs. "Au cas où il aurait besoin de notre aide."
"Quelle aide ? Le Docteur Jarran sortait d’ici à mon arrivée. Son aide est-elle opportune ? Non. Même le sorcier favori de mon père ne fait que marmonner dans sa tour. Et vous voudriez, tous combien vous êtes, lui venir en aide ? Sortez."
“Mais Votre Altesse —”
Vars s'en prit au serviteur. "Vous parlez de loyauté. Je suis le régent. Je m'exprime au nom du roi. Si vous faisiez preuve de loyauté, vous obéiriez. Mon père n'a pas besoin d'être entouré de gardes ou de serviteurs. Partez, avant que je ne vous fasse sortir de force."
Vars savait pertinemment qu'aucun d'entre eux n'avait envie de partir, mais en vérité, il s'en fichait. Il avait constaté depuis fort longtemps déjà que les gens ne faisaient que ce pour quoi ils étaient faits. Ceux qui parlaient d'honneur, de loyauté ou de patriotisme n'étaient que des menteurs prétendant être meilleurs que Vars.
Un des gardes fit halte alors qu'ils s’apprêtaient à sortir. "Et si le roi se réveillait, Votre Altesse ? L'un de nous ne devrait-il pas rester à ses côtés et vous informer le cas échéant ?"
Vars ne réprimanda pas l'homme, uniquement parce qu'il ne voulait pas être perçu comme un fils haïssant son père, ou comme un fou incapable de gouverner son royaume. Préserver les apparences, la vérité était secondaire.
"Ce n'est pas une mission pour vous. Cette tâche conviendrait plus à un enfant." Une idée germa dans son esprit. "Qui est le plus jeune page ici présent ?"
"Merin, Votre Altesse. Il a onze ans."
"Onze ans c'est bien assez grand pour veiller sur mon père au cas où il se réveillerait et suffisamment jeune pour n'être d'aucune utilité ailleurs. Allez le chercher et retournez à vos obligations. Nous sommes en guerre, après tout !"
Ces paroles suffirent à les faire réagir, les forcèrent à bouger, là où les capacités de commandement de Vars avaient échoué. Il les détestait. Il les haïssait encore plus qu’ils le détestaient. Il se rendit au chevet de son père malade, dévisagea la silhouette du Roi Godwin plongée dans le coma.
Il avait l'air si fragile, d’un teint de cendres, les muscles de son corps moins dessinés, couché sur le dos. Il paraissait plus âgé qu'avant, Vars le trouva moins impressionnant.
"Je crois que c'est la première fois que tu ne m'écrases pas de ta présence, que tu me dises à quel point je suis inutile," déclara Vars. Prononcer ces mots lui fit grand bien, même si son père ne pouvait l’entendre. Il n'aurait jamais eu le courage de parler si son père avait été éveillé, il n'aurait jamais osé.
Vars faisait les cent pas dans la chambre, songeant à tout ce qu'il avait toujours voulu dire à son père, tout ce qu'il avait en tête, des réflexions que la peur retenait captives. Même maintenant, il avait du mal à s'exprimer, savoir que son père ne pouvait pas vraiment les entendre, ne pouvait rien, libéra sa parole.
"On dit que tu peux en réchapper, ou mourir. J'espère que tu mourras. C'est tout ce que tu mérites, vu le père que tu as été." Il dévisageait son père d'un air haineux. S'il avait eu le courage, il se serait emparé d'un oreiller et l'aurait plaqué sur son visage.
"Sais-tu ce que c'est, que de grandir avec un père pareil ? Rien de ce que je faisais n'était jamais assez bien pour toi. Rodry a toujours été le meilleur. Oh, tu l'aimais, lui, quand il ne s'en prenait pas aux ambassadeurs. Je suis bien aise que tu aies appris sa mort avant qu'on ne te poignarde. Et Nerra… qu'a-t-elle ressentit lorsque tu l'as forcée à partir ?"
Il n'y eut évidemment pas de réponse, pas l'ombre d'une réponse de la part de son père, inerte. Ce qui était d'autant plus grave, en fin de compte.
"Quand ma mère est morte, tu t'es vite trouvé une nouvelle femme. Tes fils avaient besoin de toi, j'avais besoin de toi, mais tu as choisi d'épouser Aethe, qui t'a donné tes précieuses filles."
Il songea à toutes les fois où son père l'avait réprimandé tout en portant Nerra, Lenore et même Erin, aux nues.
"Tu as accordé tant d'attention à Lenore et à son stupide mariage, n'est-ce pas ? Tu as placé tant d'espoirs en elle. Sais-tu pourquoi tu gis ici ? Sais-tu pourquoi elle a été enlevée ?" Vars s'arrêta et se pencha sur son père, suffisamment près pour chuchoter. "Ils l'ont capturée parce que j'ai pris le mauvais chemin avec mes hommes. Je ne voulais pas perdre mon temps à la protéger, alors que j'étais le suivant dans l'ordre d'accession au trône. Je ne voulais pas rester à attendre pendant que la princesse idéale se pavanait dans tout le royaume, était adulée. Je l'ai laissée seule, les hommes de Ravin l'ont capturée, Rodry est mort en voulant la sauver."
Vars se redressa, éprouvant la profonde satisfaction d'avoir enfin vidé son sac, d’avoir dit à son père tout ce qu'il avait sur le cœur.
"Tu n'as eu de cesse de me rabaisser, regarde-moi maintenant. J’ai toujours fait ce que j'ai voulu, j'ai passé mon temps à la Maison des Soupirs et dans les auberges plutôt que dans ta fabuleuse Maison des Armes. C'est moi qui commande désormais, et je compte bien en profiter."
On frappa à la porte. Un serviteur entra suivi d'un jeune garçon aux cheveux blonds et au visage poupin, vêtu d'une chemise, d'une tunique et d'un collant bleu roi et or. Il semblait nerveux en présence de Vars, et esquissa une révérence parfaite. Vars remarqua qu'une de ses mains était petite et tordue, peut-être un accident survenu il y a longtemps. Vars s'en moquait.
"Tu es Merin ?"
"Oui, Votre Altesse," répondit le jeune garçon d'une petite voix effrayée.
"Sais-tu quel est ton rôle ici ?"
Le garçon secoua la tête, manifestement trop effrayé pour répondre.
"Tu veilleras sur mon père. Tu lui apporteras ses repas, fera sa toilette, tu attendras de voir s'il se réveille." Il ne lui demanda pas s'il en était capable ; il s'en fichait. "Est-ce clair ?"
"O-oui, Votre—”
"Bien," Vars lui coupa la parole. La réponse d’un garçonnet ne l'intéressait pas mais il tenait simplement à s'assurer que l'humiliation de son père soit complète. Vivre ou mourir, peu importe. Soit son père vivrait, et Vars savourerait sa petite revanche, soit il mourrait, auquel cas, Vars saurait qu'il avait réussi à rendre les derniers jours du vieux fou encore pires.
Il se tourna alors vers l'autre serviteur, qui se remit nerveusement au garde à vous. "Que faites-vous ici ? Je pensais vous avoir dit à tous de retourner à vos tâches habituelles."
"Oui, Votre Altesse. Je suis venu parce que… parce que votre présence est requise."
"Ma présence est requise ?" Vars saisit l'homme par son col de chemise. C'était facile, il savait que le serviteur n'oserait pas le frapper, ce serait considéré comme une trahison. "Je suis le régent. Le peuple n'a rien à exiger."
"Pardonnez-moi, Votre Altesse. C'est… c'est le terme qu'ils ont utilisé quand ils m'ont envoyé vous chercher."
Le terme "chercher" le disputait à "requise." Vars envisageait de frapper l'homme mais se retint de justesse, son rang lui dictait de rester à sa place, Vars ne voulait pas recevoir de mauvais coup, quelles que soient ses envies de vengeance.
"Qui vous envoie, et pourquoi ? Qui se croit permis de donner des ordres en mon château ?"
"Les nobles, Votre Altesse. Ils se concertent…" Il semblait réfléchir aux termes exacts qu'on lui avait demandé de transmettre. "… ils se concertent afin de débattre de l'invasion du Royaume du Sud et décider d'une réponse commune. Les nobles et les chevaliers sont présents. La réunion se déroule dans le grand salon en ce moment-même."
Vars écarta l'homme du milieu, soudain en proie à la colère. Comment osaient-ils ? Comment osaient-ils profiter de ce moment où le pouvoir du royaume était enfin entre ses mains pour tenter de le rabaisser ?
Il savait où ils voulaient en venir, bien qu'on le lui ait tu. La noblesse le mettait à l'épreuve, le traitant comme s'il n'était pas un vrai roi, pas un souverain aussi puissant que son père. Ils essayaient d'en faire une marionnette, un homme de paille qu'ils pourraient commander et contrôler, un serviteur et un régnant. Ils croyaient pouvoir lui dicter sa conduite, décider entre eux, Vars se verrait réduit à être une simple tête couronnée, sagement assis sur son trône.
Rira bien qui rira le dernier. Vars leur montrerait qu'ils avaient tort.
Toute sa vie durant, Lenore s'était montrée parfaite, docile et obéissante. La princesse idéale, tandis que ses sœurs en faisaient toujours plus ou moins à leur tête. Nerra était toujours la première à arpenter la forêt, tandis qu'Erin jouait aux petits soldats. Lenore était la seule à tenir son rôle de princesse.
Mais elle faisait désormais qu'elle voulait.
"Etes-vous certaine de vouloir descendre en ville, madame ?" demanda Orianne, alors qu'elles se dirigeaient vers l'entrée du château. "Y aller seules peut être imprudent."
Un frisson s'empara de Lenore au souvenir de son enlèvement mais elle secoua la tête.
"Le risque existe hors les murs mais Royalsport est un lieu sûr. De plus, nous prendrons un garde." Elle en choisit un. "Vous, nous escorterez-vous en ville ?"
"A vos ordres, Votre Altesse."
"Pourquoi aller dans la cité ?" demanda Orianne. "Vous ne vous y rendez que très rarement."
C'était la vérité. De toute sa famille, Lenore était celle qui avait passé le moins de temps hors du vase clos de la cour royale. Mais rester cloîtrée ici lui devenait désormais insupportable. Elle ne pouvait plus supporter de rester avec tous ces gens qui la félicitaient pour son mariage, pendant que son père était à l'article de la mort et que sa mère, en deuil, n’était plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne pouvait pas supporter la présence de Finnal, bien qu'il exige qu'elle demeure à ses côtés.
Il y avait une autre raison : elle croyait avoir vu Devin descendre en ville de temps à autre, il s'y trouverait peut-être. Pouvoir lui parler à nouveau fit battre ce cœur que Lenore croyait mort. Penser à lui, à sa gentillesse, lui redonnait le sourire, contrairement à son mari.
"Nous descendrons et montrerons au peuple que nous sommes là pour eux, malgré la période de deuil," déclara Lenore.
Elle partit avec Orianne et le garde dans son sillage, passa devant les gardes postés près des portes, avant de se frayer un chemin en direction du ventre de la cité. Lenore admirait les habitations de part et d'autre, leur hauteur et leur magnificence, perçut l'air chargé de parfums, sentit les pavés sous ses pieds. Elle aurait pu monter en carrosse mais cela l'aurait tenue à l'écart de la cité. La dernière fois qu'elle était monté en calèche remontait à sa procession de noces, Lenore essaya de refouler ces souvenirs, de ne point les revivre.
Elle se dirigea vers un quartier agréable émaillé de jardins non loin du château, les demeures appartenaient visiblement à la noblesse, les rues étaient propres et peu fréquentées. Mais ce n'est pas ce que Lenore recherchait. Elle savait que Devin était probablement originaire d'un quartier beaucoup plus pauvre, elle voulait constater de visu le vrai visage de Royalsport.
"Etes-vous certaine de vouloir aller dans cette direction, Lenore ?" demanda Orianne alors qu'ils franchissaient un pont pour atteindre une zone nettement plus pauvre, les maisons étaient moins espacées, la population plus encline à travailler qu'à paresser. La fumée de la Maison des Armes montait, droite, vers le ciel.
"Ma place est ici. Je veux voir le vrai visage de la cité."
Ce serait d'autant mieux si d'aventure elle tombait sur Devin chemin faisant. Lenore devait avouer que son cœur s'emballait à chaque fois qu'elle l’apercevait. Bien sûr, elle avait fait pareil avec Finnal, mais c'était différent. Devin n'était pas intéressé par conclure une union qui lui rapporterait des terres, d’horribles rumeurs ne circulaient pas sur son compte. Ce que Lenore avait vu ou entendu à son sujet prouvait qu'il était courageux et prévenant … le genre d'homme qu'elle aurait dû épouser, mais c'était impossible.
"Nous seront bientôt en vue de la Maison des Soupirs si nous continuons de la sorte," dit Orianne. Lenore l'apercevait par-dessus les toits, la bâtisse aux couleurs vives attirait le regard. Une idée lui traversa l’esprit.
"Tu devrais y aller," dit-elle à sa bonne. "Parler à … notre amie. La rassurer quant à nos intentions."
"Vous en êtes sûre ? Nous voir en pareil endroit peut s'avérer délicat."
"Sûre certaine." Lenore connaissait désormais le vrai visage de Finnal ; elle avait besoin de tous les alliés possibles, même issus de lieux qui l'auraient fait rougir, rien qu'à y penser.
"Comme il vous plaira, madame », Orianne fit la révérence et se hâta.
Lenore se retrouva à flâner dans les rues avec le garde. Lenore errait sans but ; se promenait librement, là où elle le souhaitait.
Elle se baladait lorsqu'elle entendit des pas derrière eux. Lenore fronça les sourcils et se retourna vers le garde.
"Vous avez entendu ?"
"Entendu quoi, Votre Altesse ?"
Sa peur reprenait sans doute le dessus, peur certainement liée au fait de se retrouver en un lieu inconnu, mais non. Elle était malgré tout persuadée d'entendre à nouveau des bruits de pas, croyait avoir aperçu une silhouette quelque part derrière son épaule, un individu qui la suivait dans les rues de la cité, parmi les passants. Lenore pressa le pas.
Elle tourna à l'angle au hasard à plusieurs reprises, se maudit alors qu'elle et son gardien atterrissaient dans une impasse, une cour tranquille entourée de maisons. Elle se retourna, un homme s'approcha, vêtu de sombre, un couteau à la ceinture, il arborait l'insigne des hommes du Duc Viris ; les sbires de Finnal.
Lenore aurait dû pousser un soupir de soulagement à la vue de cet homme, acquis à son mari, il ne s'agissait pas d'un voyou susceptible de la voler. Lenore sentit néanmoins une certaine appréhension monter peu à peu.
"Que faites-vous ici ? Qui êtes-vous ?"
"Mon nom est Higgis, Votre Altesse," dit l'homme en faisant la révérence. "Un serviteur, votre époux m'a remis des instructions."
"Quelles instructions ?"
L'homme acheva sa révérence, le couteau à la main, s'approcha du garde de Lenore qu’il poignarda à deux reprises. Lenore tressaillit et se plaqua contre le bâtiment le plus proche, mais l'homme se posta entre elle et la sortie donnant sur la cour, bloquant toute issue.
"J'ai été envoyé pour vous sauver des voyous qui vous ont attaquée." Il essuya et rangea son couteau. "Ils ont tué votre garde et vous ont molesté avant de vous détrousser. Tout cela parce que vous n'avez pas suivi les recommandations de votre époux, à savoir, rester à votre place. Il se verra par conséquent contraint de vous emmener hors de la cité durant votre convalescence."
Le serviteur avança en faisant craquer ses jointures.
"Vous frapperiez vraiment une princesse ? Je vous ferai pendre."
"Non, Votre Altesse. Certainement pas, votre mari me récompensera, comme il l'a déjà fait par le passé. Je serais tenté de dire que la chose serait plus aisée si vous vous teniez tranquille, mais je mentirais."
Il leva son poing, Lenore crut, l'espace d'un instant, que son avenir ne rimait qu’avec douleur. Puis une deuxième silhouette, plus petite, fit irruption devant l'homme dans la cour, s'interposa entre Lenore et son agresseur.
"Erin ?"
Sa sœur faisait tournoyer son bâton d'un air désinvolte en attendant. Le serviteur de Finnal se précipita vers elle sans hésiter. Erin attendit le dernier moment avant de s'écarter, puis abattit son bâton dans le ventre, les genoux et sur le crâne de l'homme. L'arme semblait frapper partout à la fois, à telle vitesse qu'un flou s'instaura, ponctué par le craquement du bois sur son bras.
Le serviteur recula et sortit de nouveau son couteau. Erin s'élança avec son bâton, frappa au niveau du poignet, Lenore entendit distinctement l'os craquer alors que l'arme entrait en contact. L'homme hurla, trébucha, se retourna et courut. Lenore crut que sa sœur le poursuivrait mais elle s'arrêta et se tourna vers elle.
"Tout va bien ? Il t'a fait mal ?"
Lenore secoua la tête. "Pas à moi, mais mon garde…" Elle contempla, sous le choc, les yeux vitreux du garde. Un bien pénible souvenir. "Que fais-tu ici, Erin ?"
"J’ai imaginé te suivre dans la cité. J'ai fait une pause dans mon entraînement avec Odd. J'ai vu cet individu te prendre en filature, je voulais en avoir le cœur net." Elle regarda Lenore droit dans les yeux. "Que se passe-t-il, ma sœur ?"
"C'est …" Lenore essayait de s'exprimer d'une voix assurée. Elle ne devait pas faire preuve de faiblesse, ne pas trembler ni perdre ses moyens, contrairement à ce que Finnal croyait probablement. "C'est à cause de mon jeune époux."
"Finnal ?"
"Il est aussi malveillant que le dit la rumeur, Erin. Il ne se soucie que de ce qu'il peut retirer de notre union, ni de moi. Et … il a mandé cet homme pour me molester parce que j'ai quitté le château sans son accord."
Le visage d'Erin se fit impénétrable. "Je le tuerai. Je l'étriperai et planterai sa tête sur une pique."
"Non. C'est impossible. Tuer le fils du Duc Viris ? Ce serait la guerre civile."
"Que crois-tu que ça me fasse ?
"Ça me fait quelque chose à moi. Non, nous devons la jouer fine."
"Nous ?"
“Orianne, ma servante, connait bien Finnal. Elle nous aidera. Les autres aussi, Devin notamment.”
Lenore ignorait pourquoi son nom lui vint à l'esprit, et pourtant.
"C'est tout ? » demanda Erin, pensive. "C'est un bon début. Nous pourrions aller voir Vars."
"Il s'en fiche. Je trouverais le moyen de divorcer de Finnal si seulement Vars voulait bien m'écouter."
"Nous trouverons quelque chose qui saura le faire plier," renchérit Erin.
Lenore secoua la tête. "Ça ne sera pas facile."
Erin soupira. "Je sais. Mais je te jure, Lenore, que Finnal ne te fera plus jamais de mal. Plus personne. Désormais, j'irai où tu iras, et si on t'attaque … je serai à tes côtés et lui arracherai le cœur si besoin est."
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