Читать книгу «La Queue Entre les Jambes» онлайн полностью📖 — Блейка Пирс — MyBook.
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Chapitre sept

Quand le FBI décolla de l’aéroport de Quantico, Riley sut qu’un nouveau monstre l’attendait en Arizona. Cette pensée la mit mal à l’aise. Elle aurait préféré rester loin des tueurs, mais elle avait pris la bonne décision. Meredith avait eu l’air soulagé.

De l’autre côté des hublots, le ciel s’assombrissait. La pluie battait contre les vitres. On traversa une zone de turbulences, puis l’avion s’éleva au-dessus des nuages. Riley baissa les yeux vers le tapis d’un blanc cotonneux qui dissimulait la surface de la terre. Elle essaya d’imaginer les gens courant dans tous les sens à la recherche d’un abri, ou bien du plaisir, ou bien de l’horreur, comme le font les hommes et les femmes.

— Tu as un dossier à me montrer ? demanda Riley en se tournant vers Bill.

Son partenaire ouvrit son ordinateur sur la table. Il fit apparaître la photo qu’un sac poubelle noir dans un lac d’eau peu profonde. Une main blanche se laissait entrevoir entre les ficelles.

— C’est le corps de Nancy Holbrook. On l’a retrouvée dans un lac artificiel, pas loin de Phoenix. Une escort aux tarifs assez chers. Trente ans. Une pute de luxe, en gros.

— Elle s’est noyée ?

— Non. Mort par asphyxie, probablement. Elle a ensuite été jetée à l’eau dans un sac poubelle lesté au moyen de pierres.

Riley plissa les yeux. La photo lui inspirait déjà de multiples questions.

— Le tueur a laissé des empreintes ? Fibres ? ADN ?

— Non, rien.

Riley secoua la tête.

— Je ne comprends pas. La disposition du corps… S’il avait fait quelques efforts supplémentaires, le corps aurait pu disparaître. Dans un lac d’eau douce, ils coulent à pic et se décomposent rapidement. Bien sûr, ils peuvent remonter au bout de quelques temps, à cause des gaz, mais rajouter quelques pierres dans le sac aurait résolu le problème. Pourquoi l’avoir laissée là ?

— C’est à nous de le découvrir, dit Bill.

Il fit apparaître de nouvelles images, mais Riley n’apprit rien de plus.

— Alors, qu’est-ce que tu en penses ? dit-elle. C’est un tueur en série ou pas ?

Bill fronça les sourcils.

— Je ne crois pas, dit-il. C’est un meurtrier qui a tué une pute. Il y en a d’autres qui ont disparu à Phoenix, mais ça n’a rien d’inédit. Les prostituées qui disparaissent, c’est la routine dans toutes les grandes villes du pays.

La routine. Ce mot mit Riley mal à l’aise. Comment la disparition de femmes issues d’un certain groupe social pouvait-elle devenir la routine ? Pourtant, elle savait que Bill avait raison.

— Quand Meredith m’a téléphoné, il avait l’air de penser que c’était urgent, dit-elle d’une voix songeuse. Il nous a même réservé un jet pour y aller. Il a dit que nous devions aborder l’affaire comme si c’était l’œuvre d’un tueur en série. C’est ce que nous conseille son ami. Mais personne n’a l’air de penser qu’il s’agit bien d’un tueur en série.

Bill haussa les épaules.

— Peut-être pas. Meredith semble très proche du frère de Nancy Holbrook, Garrett.

— Ouais, dit Riley. Ils ont fait leur formation ensemble. Mais c’est étonnant.

Bill ne répondit pas. Riley se renversa sur son siège et réfléchit. Meredith manipulait le règlement du FBI pour venir en aide à son ami. Venant de sa part, c’était un comportement inhabituel.

Riley ne lui en voulait pas. Au contraire, elle admirait la dévotion dont il faisait preuve.

Je serais capable de faire la même chose ? Pour Bill, peut-être ?

Au fil des années, il était devenu bien plus d’un partenaire et bien plus qu’un ami. Toutefois, Riley n’était pas certaine… Ces derniers jours, elle ne se sentait plus très proche de ses collègues.

Inutile d’y penser maintenant. Riley ferma les yeux et tâcha de se reposer.

*

Il faisait grand soleil quand ils atterrirent à Phoenix.

Bill donna un coup de coude à Riley.

— Le temps est splendide ! Ce sera peut-être l’occasion de prendre un peu le soleil.

Riley en doutait. Elle n’était pas partie en vacances depuis une éternité. La dernière fois qu’elle avait essayé, elle avait emmenée April à New York pour lui changer les idées, mais son travail avait trouvé le moyen de la rattraper.

Un de ces jours, je vais avoir besoin de repos, pensa-t-elle.

Un jeune agent les accueillit à la descente de l’avion et les conduisit au bureau de terrain de Phoenix. C’était un bâtiment très moderne.

— Sympa, l’architecture, hein ? s’exclama l’agent avec enthousiasme. Il a gagné un prix, ce bâtiment. Devinez ce que ça représente…

Riley détailla du regard la façade qu’il lui montrait du doigt. Les longues fenêtres rectangulaires formaient un dessin vaguement familier. Elle eut besoin d’y réfléchir quelques secondes.

— Des séquences ADN ? demanda-t-elle.

— Ouais, mais le machin rocheux, là-bas, vous ne devinerez jamais à quoi il ressemble vu d’en haut !

Avant que Riley ou Bill n’ait eu le temps de lancer une hypothèse, il les entraîna à l’intérieur. On retrouvait le même motif ADN sur le carrelage. L’agent les conduisit dans les couloirs jusqu’au bureau de l’agent spécial chargé d’enquête Elgin Morley.

Riley et Bill se présentèrent. Morley était un petit homme d’une cinquantaine d’années, à la moustache abondante et aux lunettes rondes. Une autre personne les attendait dans son bureau. Celui-ci devait avoir quarante ans. Il était grand, voûté et il avait le visage émacié. En fait, il avait l’air fatigué et déprimé.

— Agent Paige, Agent Jeffreys, je vous présente l’agent Garrett Holbrook. C’est sa sœur qui a été retrouvée dans le lac Nimbo.

Tous échangèrent des poignées de mains, puis les agents s’assirent pour discuter.

— Merci d’être venus, dit Holbrook.

— Parlez-nous de votre sœur, demanda Riley.

— Je n’ai pas grand-chose à vous dire, dit Holbrook. Je ne la connaissais pas très bien. C’était ma demi-sœur. Mon père était infidèle. Il a quitté ma mère et il a eu des enfants avec trois femmes différentes. Nancy avait quinze ans de moins que moi. Nous nous sommes rarement vus, ces dernières années.

Son regard vide fixa le sol, pendant que ses doigts jouaient nerveusement avec un fil de son pull. Sans relever les yeux, il dit :

— La dernière fois que j’ai entendu parler d’elle, elle faisait un travail de bureau et elle prenait des cours dans un collège communautaire. C’était il y a quelques années. Quand j’ai appris ce qui lui était arrivé… Je ne savais pas.

Il se tut. Riley eut l’impression qu’il cachait quelque chose, mais elle se trompait peut-être. Après tout, si quelqu’un lui demandait de parler de sa propre sœur, que dirait-elle ? Elle n’avait plus de nouvelles de Wendy depuis si longtemps…

Pourtant, le langage corporel de Holbrook exprimait bien autre chose que le chagrin. C’était étrange.

Morley proposa d’emmener Riley et Bill au laboratoire pour voir le corps. Holbrook acquiesça et leur dit qu’il serait dans son bureau.

En suivant l’agent chargé d’enquête, Bill demanda :

— Agent Morley, avez-vous une raison de penser que nous avons affaire à un tueur en série ?

Morley secoua la tête.

— Nous n’avons pas vraiment de raison, mais Garrett n’en démord pas depuis qu’il a appris la mort de Nancy. C’est un de nos meilleurs agents et nous avons choisi de l’écouter. Son enquête n’a menée à rien. En fait, il n’est plus vraiment lui-même depuis qu’il a appris la nouvelle.

Riley l’avait trouvé très choqué. Peut-être un peu trop, pour un agent expérimenté comme lui. En plus, il avait bien précisé qu’il n’était pas proche de sa sœur.

Morley présenta Riley et Bill au chef du département de médecine légale, le docteur Rachel Fowler. Fowler ouvrit le compartiment réfrigéré qui contenait le corps de Nancy Holbrook.

Riley plissa le nez, même si l’odeur de décomposition n’avait pas eu le temps de devenir épouvantable. La victime était petite et très mince.

— Elle n’est pas restée longtemps dans l’eau, dit Fowler. La peau commençait à peler quand nous l’avons sortie.

Le docteur Fowler pointa ses poignets du doigt.

— On observe des traces laissées par des cordes. Elle devait être attachée quand elle a été tuée.

Riley remarqua des marques caractéristiques au creux du coude.

— Des traces d’injection, dit-elle.

— Oui. Elle se shootait à l’héroïne. Je pense qu’elle n’était pas encore accro, mais pas loin de le devenir.

La victime avait peut-être été anorexique.

— Etonnant, cette addiction, pour une escort de haut standing, dit Bill. Comment connaissons-nous son profil ?

Fowler lui montra une carte de visite enveloppée dans une pochette plastique. On pouvait y voir une photo provocante de la femme décédée. Il était écrit : « Nanette » et « Ishtar Escorts ».

— On a trouvé cette carte sur elle, expliqua Fowler. La police a contacté Ishtar Escorts. Ce sont eux qui ont identifié la victime.

— Comment a-t-elle été asphyxiée ? demanda Riley.

— Elle a des hématomes sur le cou, dit Fowler. Le tueur l’a peut-être étouffée avec un sac en plastique.

Riley examina les marques de plus près. Un jeu sexuel qui avait mal tourné ? Ou un meurtre délibéré ? Elle n’aurait su le dire.

— Qu’avait-elle sur elle ? demanda Riley.

Fowler ouvrit une boîte contenant les vêtements de la victime : une robe rose avec un décolleté provocant, mais plus élégant que ce que l’on voyait habituellement sur les trottoirs. C’était la robe d’une femme qui voulait être à la fois sexy et acceptée en boîte de nuit.

La boîte contenait également un sac en plastique avec des bijoux.

— Je peux jeter un œil ? demanda-t-elle à Fowler.

— Je vous en prie.

Riley examina les bijoux l’un après l’autre. Ils étaient tous de très bon goût : un collier de perles, des bracelets et des boucles d’oreille. Un objet sortait du lot. C’était une bague sertie d’un diamant. Riley le montra à Bill.

— Un vrai ?

— Oui, répondit Fowler. Or et diamant véritables.

— Le tueur ne l’a pas volée, remarqua Bill. Il n’a pas fait ça pour l’argent.

Riley se tourna vers Morley.

— J’aimerais voir l’endroit où le corps a été retrouvé, dit-elle. Immédiatement, si possible, pendant qu’il fait encore jour.

Morley haussa les sourcils.

— Nous pouvons vous y conduire en hélicoptère, mais je ne vois pas ce que vous pourriez trouver là-bas. La police et le FBI ont déjà passé le site au peigne fin.

— Faites-lui confiance, dit Bill d’un air entendu. Elle trouvera quelque chose.

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