L’homme gardait ses distances alors qu’il jetait des coups d’œil furtifs vers la jeune femme. Il posa dans son panier quelques articles pour se fondre dans la masse des clients. Il était très fort pour passer inaperçu. Personne ne pouvait deviner son véritable pouvoir.
Il est vrai qu’il n’avait jamais vraiment attiré l’attention des autres. Enfant, il se sentait presque invisible. Maintenant, au moins, c’était devenu un avantage.
Quelques minutes plus tôt, il s’était approché tout près d’elle, à moins d’un mètre. Occupée à choisir un shampoing, elle ne l’avait pas remarqué.
Il avait déjà appris beaucoup de choses sur elle. Il savait qu’elle s’appelait Cindy, que son mari était propriétaire d’une galerie d’art, qu’elle travaillait dans une clinique médicale gratuite. Aujourd’hui, c’était un de ses jours de congé. Elle était en train de parler au téléphone avec quelqu’un – sa sœur, sans doute. Elle éclata de rire en entendant ce que son interlocutrice lui disait. Cela le fit bouillir de rage : était-elle en train de se moquer de lui, comme le faisaient toutes les filles ? Sa rage ne fit que croître.
Cindy portait des shorts, un débardeur et des chaussures de sport qui semblaient très coûteuses. Il l’avait observée depuis sa voiture alors qu’elle faisait son jogging, il avait attendu qu’elle finisse son tour et entre dans le magasin. Les jours où elle ne travaillait pas, elle suivait cette routine. Elle rentrait à la maison déposer ses courses, se douchait, puis prenait la voiture pour aller déjeuner avec son mari.
Elle devait sa belle silhouette au sport. Elle n’avait pas plus de trente ans, mais la peau autour de ses cuisses était un peu fripée. Elle avait sans doute perdu beaucoup de poids à un moment ou à un autre, sans doute assez récemment. Elle en était certainement très fière.
Soudain, la femme se dirigea vers la caisse la plus proche, ce qui surprit l’homme. Elle terminait ses courses bien plus tôt que d’habitude. Il se précipita pour se placer juste derrière elle, en poussant presque un autre client. Il se morigéna en silence.
Alors que le caissier scannait les articles de la femme, il se rapprocha pour se tenir tout près d’elle – assez près pour respirer l’odeur de son corps, âcre et moite après son jogging vigoureux. C’était un parfum qu’il avait bien l’intention de sentir à nouveau très bientôt, et souvent. Cependant, l’odeur se mêlerait alors à une autre – une odeur qui le fascinait par son mystère et son étrangeté.
L’odeur de la peur et de la terreur.
L’espace d’un instant, le rôdeur se sentit euphorique, délicieusement étourdi, impatient.
Après avoir payé ses courses, elle poussa son chariot à travers les portes automatiques et sortit dans le parking.
Il n’était pas pressé de payer ses propres articles. Il n’avait pas besoin de la suivre chez elle. Il y était déjà allé – déjà entré dans sa maison. Il avait même touché ses vêtements. Il reprendrait sa surveillance quand elle quitterait son travail.
Ce ne sera plus très long, pensa-t-il. Plus très long du tout.
*
Quand Cindy MacKinnon referma la porte de sa voiture, elle resta assise un instant, déboussolée sans savoir pourquoi. Elle avait eu une impression bizarre dans le supermarché, le sentiment mystérieux et irrationnel que quelqu’un l’observait. Mais c’était plus que cela. Elle mit quelques minutes avant de mettre le doigt dessus.
Enfin, elle réalisa qu’elle avait eu l’impression que quelqu’un lui voulait du mal.
Elle frissonna violemment. Ces derniers jours, ce sentiment ne cessait d’aller et venir. Elle se gronda en silence, certaine que tout cela n’était que le fruit de son imagination.
Elle secoua la tête pour se débarrasser des dernières traces de son angoisse. En démarrant sa voiture, elle se força à penser à autre chose et elle sourit en se remémorant sa conversation téléphonique avec sa sœur, Becky. Plus tard, dans l’après-midi, Cindy l’aiderait à organiser une fête d’anniversaire pour sa fille de trois ans, avec des ballons et un gâteau.
Ce serait une belle journée, pensa-t-elle.
Assise dans le SUV, Riley essuya les paumes de ses mains sur son pantalon, pendant que Bill passait les vitesses et poussait le 4x4 du Bureau dans la montée. Elle ne savait que penser de sa propre nervosité. Elle ne savait que penser de sa présence ici. Après six semaines d’arrêt, elle se sentait déconnectée de son corps. Revenir paraissait surréaliste.
La tension et la gêne la perturbaient. Bill et elle n’avaient pas échangé un seul mot au cours des quatre heures de trajet. Leur ancienne camaraderie, leur gaieté naturelle – tout cela avait disparu. Riley était presque sûre de savoir ce qui rendait Bill si distant. Ce n’était pas de la grossièreté, c’était de l’inquiétude. Lui non plus n’était pas sûr qu’elle était en mesure de reprendre le travail.
Ils traversaient le Mosby State Park, où la dernière victime avait été découverte. Alors qu’ils roulaient, Riley examinait les alentours et, lentement, son sens du professionnalisme se remettait en marche. Il fallait qu’elle oublie tout ça.
Trouve ce fils de pute et tue-le pour moi.
Les mots de Marie la hantaient, la poussaient. Ils avaient rendu sa décision plus facile.
Mais rien ne paraissait simple, maintenant. D’un côté, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour April. La renvoyer chez son père n’était pas l’idéal, pour qui que ce soit. Toutefois, c’était samedi et Riley n’avait pas voulu attendre lundi pour voir la scène du crime.
Le silence pesant ne faisait que rajouter à son angoisse. Elle ressentait le besoin urgent de discuter et son cerveau tournait à plein régime, à la recherche d’un sujet de conversation. Elle dit :
— Alors, tu vas me dire ce qui se passe entre toi et Maggie ?
Bill se tourna vers elle, surpris. Elle n’aurait su dire si c’était sa question directe ou le fait qu’elle brise le silence qui le prenait au dépourvu. Elle regretta immédiatement d’avoir pris la parole. Sa franchise, on le lui avait souvent dit, mettait les autres mal à l’aise. Son but n’était jamais d’être direct, elle n’avait simplement pas de temps à perdre.
Bill soupira.
— Elle croit que je la trompe.
Riley eut un sursaut de surprise.
— Quoi ?
— Avec mon boulot, dit Bill d’un ton amer. Elle pense que je la trompe avec mon boulot. Elle pense que j’aime tout ça plus qu’elle. Je lui répète que c’est ridicule. Mais bon, je ne peux rien y faire... Je ne vais pas démissionner.
Riley secoua la tête.
— On dirait Ryan. Il était jaloux comme un pou quand on était encore ensemble.
Elle s’interrompit pour ne pas avouer à Bill toute la vérité. Ce n’était pas le travail qui avait rendu son ex-mari jaloux. C’était Bill. Elle s’était souvent demandée si Ryan avait eu une bonne raison. Malgré la gêne, elle se sentait terriblement bien aux côtés de Bill. Leur relation était-elle purement professionnelle ?
— J’espère qu’on ne perd pas notre temps, dit Bill. La scène du crime a été nettoyée, tu sais.
— Je sais. Je veux juste voir l’endroit. Les photos et les rapports, ça ne suffit pas.
Riley commençait à se sentir vaseuse. C’étaient sans doute les effets de l’altitude : ils ne cessaient de grimper. Une forme d’impatience, aussi, peut-être. Ses paumes étaient toujours plus moites.
— C’est encore loin ? demanda-t-elle, alors que les forêts se faisaient plus denses, le paysage plus isolé.
— Non, ce n’est plus trop loin.
Quelques minutes plus tard, Bill quitta la route goudronnée pour suivre des ornières grossières. Le véhicule tout-terrain descendit en cahotant avant de s’arrêter au milieu des bois.
Bill arrêta le moteur, puis tourna un regard inquiet vers Riley.
— Tu es sûre que tu veux le faire ? demanda-t-il.
Elle savait très bien ce qui le préoccupait. Il craignait que l’expérience ne ravive les souvenirs traumatisants de sa captivité. Cela n’avait pas d’importance que ce soit une autre affaire, un autre tueur.
Elle hocha la tête.
— Je suis sûre, dit-elle, pourtant peu convaincue que c’était la vérité.
Elle sortit de la voiture et suivit Bill le long d’un sentier broussailleux et étroit. Un ruisseau passait non loin. À mesure que la végétation se fit plus dense, elle fut obligée de pousser les branches basses et des mouchetures de boue poisseuses se déposèrent sur ses jambes de pantalon. Elle allait devoir en changer et cette pensée l’agaça.
Enfin, ils émergèrent des fourrés et atteignirent la rive d’un ruisseau. La beauté du lieu frappa immédiatement Riley. Les rayons du soleil de l’après-midi filtraient à travers le feuillage et jetaient sur l’eau clapotante des couleurs semblables à celles d’un kaléidoscope. Le grondement doux et constant du ruisseau était apaisant. Il était étrange de ressentir un tel calme devant la scène d’un crime grotesque.
— Elle a été trouvée là, dit Bill en la conduisant vers un rocher.
Riley prit une grande inspiration en détaillant les environs du regard. Oui, elle avait eu raison de venir. Elle commençait à le sentir.
— Les images ? demanda-t-elle.
Elle s’assit à côté de Bill sur le rocher et tous deux feuilletèrent le dossier plein de photographies prises peu après la découverte du corps de Reba Frye. L’autre dossier contenait les rapports et les photos du crime sur lequel elle avait enquêté avec Bill six mois plus tôt – sans succès.
Ces photos ravivèrent les souvenirs du premier meurtre et ramenèrent Riley dans la ferme, près de Daggett. Elle se rappela que Rogers avait été disposée de façon similaire contre un arbre.
— Ça ressemble beaucoup à notre ancienne affaire, observa Riley. Deux femmes d’une trentaine d’année, avec des enfants en bas âge. Ça semble faire partie de son modus operandi. Il cible des mères. On va devoir consulter les groupes parentaux, voir si les deux femmes avaient un lien quelconque, ou leurs enfants.
— Je mets quelqu’un dessus, dit Bill qui prenait des notes.
Riley poursuivit son étude minutieuse des rapports et des photos, en les comparant à la scène du crime.
— Même méthode de strangulation avec un ruban rose, observa-t-elle. Une autre perruque et le même genre de rose artificielle déposée aux pieds du corps.
Riley leva deux photos côte à côte.
— Les paupières sont cousues pour rester ouvertes, dit-elle. Si je me souviens bien, les techniciens du labo ont découvert que la couture a été faite après sa mort. Même chose pour Frye ?
— Ouais, je suppose qu’il voulait qu’elles le regardent, même après leur mort.
Un frisson parcourut l’échine de Riley. Elle avait presque oublié ce sentiment. C’était le signe que quelque chose était sur le point de se dévoiler. Elle ne savait pas si cela devait la motiver ou la terrifier.
— Non, dit-elle. Ce n’est pas ça. Il n’en avait rien à faire, que les femmes le regardent.
— Alors pourquoi aurait-il fait ça ?
Riley ne répondit pas. Des idées commençaient à affluer dans son cerveau. Elle en était grisée. Mais elle n’était pas encore prête à expliquer son intuition avec des mots – pas même dans sa propre tête.
Elle posa les deux photos sur le rocher, en montrant du doigt certains détails.
— Ce n’est pas exactement la même chose, dit-elle. Le corps n’était pas aussi bien disposé à Daggett. Il a essayé de la déplacer alors qu’elle était déjà raide. Cette fois, je pense qu’il l’a déplacée jusqu’ici avant que la rigueur cadavérique ne s’installe. Sinon, il n’aurait pas pu l’arranger, donc…
Elle se retint de finir sa phrase : « l’arranger joliment ». Elle réalisa que c’était exactement le genre de mot qu’elle aurait utilisé avant sa captivité. Oui, elle se remettait dans le bain et elle sentait sa vieille obsession sinistre remonter à la surface. Bientôt, elle ne pourrait plus revenir en arrière.
Mais était-ce une bonne chose ou une mauvaise ?
— Qu’est-ce qu’ils ont, les yeux de Frye ? demanda-t-elle en pointant le doigt vers la photo. Ce bleu n’a pas l’air naturel.
— Des lentilles de contact, répondit Bill.
Le frisson qui parcourut l’échine de Riley fut, cette fois, plus intense. Le corps de Eileen Rogers ne portait pas de lentilles. C’était une différence importante.
— Et l’éclat de sa peau ? demanda-t-elle.
— De la Vaseline, dit Bill.
Une autre différence importante. Riley sentit ses idées s’emmêler et se mettre en place à une vitesse ahurissante.
— Qu’est-ce que la scientifique a trouvé à propos de la perruque ? demanda-t-elle à Bill.
— Rien pour le moment, sauf qu’elle est composée de plusieurs morceaux de perruques de mauvaise qualité.
L’excitation de Riley ne fit que croître. Pour sa victime précédente, le tueur s’était contenté d’une simple perruque complète, et non d’un assemblage. Comme la rose, elle avait été si banale et bon marché que la police scientifique n’avait pas réussi à remonter la piste. Riley sentit que les pièces du puzzle trouvaient leurs places – pas encore le puzzle en entier, mais au moins un petit bout.
— Et qu’est-ce qu’ils ont l’intention de faire sur la perruque ? demanda-t-elle.
— La même chose que la dernière fois : analyser les fibres pour essayer de retrouver le point de vente.
Surprise elle-même par la fermeté et la certitude dans sa voix, Riley dit :
— Ils perdent leur temps.
Bill lui jeta un coup d’œil, pris au dépourvu.
— Pourquoi ?
Riley ressentait à nouveau cette familière impatience, qui l’animait quand le cerveau de Bill traînait la patte derrière le sien.
— Regarde l’image qu’il essaye de nous montrer. Des lentilles de contact bleues qui donnent un aspect artificiel à ses yeux. Les paupières cousues pour rester ouvertes. Le corps tout droit et les jambes étendues de façon grotesque. De la Vaseline pour que la peau brille comme du plastique. Une perruque composée de perruques plus petites – pas des perruques de femmes, des perruques de poupées. Il veut que les victimes ressemblent à des poupées – des poupées nues sur un présentoir.
— Mon Dieu, dit Bill en prenant fiévreusement des notes. Comment avons-nous pu rater ça, la dernière fois, à Daggett ?
La réponse était évidente aux yeux de Riley qui retint un grognement d’impatience.
— Il n’était pas encore assez bon, dit-elle. Il était encore en train de se faire la main. Il apprend tout en faisant.
Bill leva les yeux de son calepin et secoua la tête d’un air admiratif.
— Putain, ce que tu m’as manqué.
Quoique très touchée par le compliment, Riley savait qu’une autre révélation, encore plus importante, était sur le point de lui venir. Elle avait appris avec l’expérience à ne pas faire trop d’efforts. Il fallait seulement qu’elle se détende et la révélation viendrait d’elle-même. Riley s’accroupit silencieusement sur le rocher et attendit. Elle décolla paresseusement les mouchetures de boue sur son pantalon.
Quelle merde, pensa-t-elle.
Soudain, ses yeux s’arrêtèrent sur la surface de pierre sous ses pieds. D’autres miettes de boue sèche, certaines entières et d’autres brisées en plusieurs fragments, gisaient au milieu de celles qu’elle venait de décoller de son pantalon.
— Bill, dit-elle d’une voix chevrotante d’excitation, ces petits morceaux de boue étaient là quand vous avez trouvé le corps ?
Bill haussa les épaules.
— Je n’en sais rien.
Les mains tremblantes et plus moites que jamais, Riley saisit une série de photos qu’elle passa en revue jusqu’à trouver une vue frontale du corps. Là, entre ses jambes écartées, autour de la rose, on apercevait des petites taches. C’étaient les miettes de boue – les miettes que Riley venait de trouver, mais personne ne les avait cru importantes. Personne n’avait pris le temps de prendre une photo en gros plan. Et personne n’avait ressenti le besoin de les balayer sur le côté au moment de nettoyer la scène du crime.
Riley ferma les yeux pour laisser son imagination prendre le relais. Elle se sentit étourdie, même grisée. C’était une sensation qu’elle ne connaissait que trop bien – l’impression de tomber dans un abysse, dans un trou noir terrible, dans l’esprit du tueur. Elle enfilait ses chaussures, sa peau, sa vie. C’était un endroit terrifiant et dangereux, mais elle s’y sentait à sa place, du moins à cet instant. Elle le laissa la submerger.
Elle mesura l’assurance du tueur quand il traîna le corps jusqu’au ruisseau : il était si certain qu’il ne serait pas découvert qu’il ne se pressait. Il aurait pu tout aussi bien chantonner ou siffler un air. Elle devina sa patience, son talent, quand il déposa le corps sur le rocher.
Elle vit l’atroce tableau à travers ses yeux. Elle sentit sa satisfaction devant le travail accompli – le même sentiment d’accomplissement qu’elle ressentait en résolvant une affaire. Il s’était accroupi sur le rocher et avait fait une pause un instant – ou aussi longtemps qu’il l’avait voulu – pour admirer son œuvre.
Ce faisait, il avait décollé des miettes de boue de son pantalon. Il avait pris son temps. Il n’avait pas attendu d’être parti. Riley l’entendait presque prononcer les mêmes mots qu’elle : « Quelle merde ».
Oui, il avait même pris le temps de nettoyer son pantalon.
Riley eut un hoquet de surprise et ses yeux s’ouvrirent brusquement. Elle manipula les miettes de boue qu’elle tenait encore dans sa main. Elles étaient poisseuses mais les bords étaient assez secs et aiguisées pour infliger de fines coupures.
— Rassemble ces miettes, ordonna-t-elle. Nous allons peut-être y trouver un peu d’ADN.
Bill écarquilla les yeux et tira immédiatement de sa poche une paire de pincettes et un sachet hermétique. Alors qu’il travaillait, le cerveau de Riley ne ralentissait pas : elle n’en avait pas encore terminé.
— On se trompe depuis le début, dit-elle. Ce n’est pas son deuxième meurtre. C’est le troisième.
Bill s’interrompit et leva vers elle un regard stupéfait, visiblement sonné par sa révélation.
— Comment le sais-tu ? demanda-t-il.
Le corps de Riley se tendit comme un arc et elle tâcha de contrôler le tremblement de ses membres.
— Il est devenu trop fort. Son apprentissage est terminé. C’est un pro maintenant. Il a trouvé son rythme. Il adore son travail. Non, c’est le troisième, au moins.
La gorge de Riley se serra et elle avala sa salive avec difficulté.
— Et il n’attendra pas longtemps avant de commettre le suivant.
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