Читать книгу «Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера» онлайн полностью📖 — Александра Дюма — MyBook.
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– C’était lui! a crié d’Artagnan, il vous avait pris pour Buckingham[140]! Et la dame, il l’avait prise pour la reine!

En ce moment les amis ont entendu le bruit. Le bourgeois est entré dans la chambre.

– Ah, messieur, sauvez-moi! il a crié.

En ce moment, les quatre gardes ont apparu à la porte.

– Entrez, messieurs, a crié d’Artagnan, nous sommes tous de fidèles serviteurs du roi et de M. le cardinal.

– Mais vous m’avez promis…, a dit tout bas[141] le pauvre bourgeois.

– Nous ne pouvons vous sauver qu’en restant libres[142], a répondu d’Artagnan, et si nous faisons mine de vous défendre[143], on nous arrête avec vous.

Et d’Artagnan a poussé le bourgeois tout aux mains des gardes, en lui disant:

– Vous êtes un maraud, mon cher; vous venez me demander de l’argent, à moi! à un mousquetaire! En prison, messieurs, emmenez-le en prison, cela me donnera du temps pour payer.

Et les gardes sont sortis avec le pauvre bourgeois.

– Comment ça? a dit Porthos, quatre mousquetaires laissent arrêter au milieu d’eux un malheureux qui crie à l’aide!

– J’approuve la décision de d’Artagnan, a dit Athos, elle est vraiment sage.

– Et maintenant, messieurs, a dit d’Artagnan sans se donner la peine d’expliquer sa conduite à Porthos[144], tous pour un, un pour tous, c’est notre devise, n’est-ce pas?

Et les quatre amis ont répété d’une seule voix[145] la formule dictée par d’Artagnan:

– Tous pour un, un pour tous.

Chapitre IX

Les gens du M. cardinal ont fait une souricière de l’appartement de M. Bonacieux[146]. C’est à dire que chacun qui a apparu ici, était pris et interrogé par les gardes. Une allée particulière conduisait à l’étage où habitait d’Artagnan: ses amis et lui-même étaient hors danger[147].

Un soir d’Artagnan a entendu frapper à la porte. Cette porte s’est ouverte et s’est renfermée immédiatement. Quelqu’un venait de se prendre à la souricière[148].

D’Artagnan a vu que c’était une femme. Les homme du cardinal ont commencé à l’interroger. La femme a dit son nom: c’était madame Constance Bonacieux.

Tout à coup, d’Artagnan a pris son épée: il a décidé de se faire prendre dans la sourcière pour sauver Mme Bonacieux. D’Artagnan est entré, et un moment après quatre hommes vêtus de noir se sont envolés de la maison de M. Bonacieux. D’Artagnan était vainqueur sans beaucoup de peine[149], car un seul de ces hommes était armé.

D’Artagnan est resté seul avec Mme Bonacieux. Elle était demi évanouie[150].

C’était une charmante femme de vingt-cinq à vingt-six ans, brune avec des yeux bleus, ayant un teint marbré de rose et d’opale[151]. D’Artagnan l’examinait avec admiration.

En ce moment Mme Bonacieux a ouvert ces yeux.

– Ah! monsieur! elle a dit, c’est vous qui m’avez sauvée; permettez-moi de vous remercier.

– Madame, je n’ai fait que ce que tout gentilhomme doit fait à ma place[152].

– Oui, monsieur. Mais que voulaient ces hommes et où est M. Bonacieux, mon mari?

– Ils sont les hommes du M. cardinal. Hier ils sont venus ici pour conduire votre mari à la Bastille.

– Mon mari à la Bastille! a crié Mme Bonacieux, oh! mon Dieu!

– Son seul crime est d’avoir à la fois le bonheur et le malheur d’être votre mari, a dit d’Artagnan.

– Est-ce que vous savez, monsieur…

– Je sais que vous avez été enlevée. Et je suis sûr que les hommes que j’ai mis en fuite[153] vont revenir. S’ils nous retrouvent ici nous sommes perdus.

D’Artagnan a décidé de conduire Mme Bonacieux à l’appartement d’Athos car ce-ci n’était pas chez lui. Mme Bonacieux a demandé à d’Artagnan d’aller à Louvre pour voir son oncle et protecteur, M. de la Porte. Il devait aider la pauvre femme.

– Mais où et comment vous reverrai-je? a dit d’Artagnan quand toutes les instructions lui ont été données.

– Voulez-vous me revoir?

– Certainement.

– Eh bien, reposez-vous sur moi de ce soin[154], et soyez tranquille.

– Je compte sur votre parole[155].

D’Artagnan lui a lancé le coup d’oeil[156] le plus amoureux.

Chapitre X

Après ce jour d’Artagnan a pensé beaucoup de Mme Bonacieux. Jolie, mystérieuse, initiée à tous les secrets de cour[157], elle était presque une idéalité amoureuse pour le jeune homme. Mais elle ne voulait point lui découvrir ses secrets.

Un jour d’Artagnan a cherché un moyen de visiter M. de Tréville. Il a appris que de Tréville était au Louvre et a décidé d’y aller. Comme il arrivait à la rue Guénégaud, il a vu un groupe composé de deux personnes: l’un, un homme; l’autre, une femme. Cette femme, a pensé d’Artagnan, ressemblait Mme Bonacieux et l’homme, il ressemblait… Aramis, son ami! De plus, il portait l’uniforme des mousquetaires. D’Artagnan a décidé de les suivre. La jalousie s’est agitée dans son coeur.

D’Artagnan les a rattrapés, et ils se sont arrêtés devant lui.

– Que voulez-vous? a demandé le mousquetaire avec un accent étranger.

– Ce n’est pas Aramis! il s’est écrié.

– Non, monsieur, et je vois que vous m’avez pris pour un autre, et je vous pardonne.

– Vous me pardonnez! s’est écrié d’Artagnan.

– Oui, a répondu l’inconnu, laissez-moi donc passer.

– Monsieur, a dit d’Artagnan, ce n’est pas à vous que j’ai affaire, c’est à madame.

– Ah! a dit Mme Bonacieux d’un ton de reproche[158], ah monsieur!

D’Artagnan, plein de jalousie, a tiré son épée. En même temps et avec la rapidité de l’éclair, l’inconnu a tiré la sienne. Mme Bonacieux s’est jetée entre les combattants avec ces mots:

– Ah, cet homme, c’est le duc de Buckingham!

– Milord, madame, pardon, cent fois pardon[159]; mais je l’aimais, Milord, et j’étais jaloux; vous savez ce que c’est que d’aimer.

Le duc l’a pardonné et lui a demandé de les suivre jusqu’au Louvre à vingt pas[160] pour les défendre en cas de danger.

Maintenant d’Artagnan a été tranquille. Il a suivi le duc avec Mme Bonacieux jusqu’au Louvre et a décidé de rentrer chez soi.

Chapitre XI

Le jour suivant le jeune homme a entendu la conversation entre monsieur et madame Bonacieux.

Nous devons dire que M. Bonacieux a enduré beaucoup des épreuves depuis son arrestation. Il a été conduit au M. le cardinal lui-même, car les intrigues, à lesquelles sa femme avait participé, étaient trop sérieuses et concernaient la famille royale. Le pauvre Bonacieux a été épouvanté. Le cardinal lui a posé beaucoup de questions qui concernaient l’information reçue de sa femme, son rapport proposé avec les intrigues et secrets de Mme Bonacieux. M. Bonacieux tâchait de se présenter comme un homme loyal au cardinal. Il a réussi à lui assurer sa fidélité[161]. Le pauvre homme a été libéré. Après cette rencontre Bonacieux est devenu un fervent cardinaliste[162], il était toujours prêt à informer Son Éminence de tous les détails qui lui semblaient importants.

Et maintenant Mme Bonacieux a demandé à son mari d’aller à Londres, et celui-ci en a refusé.

La femme lui a dit que c’était le moyen de gagner beaucoup d’argent.

– Une personne illustre vous envoie, une personne illustre vous attend: la récompense dépassera vos désirs, voilà tout ce que je puis vous promettre, elle a dit.

– Des intrigues encore, toujours des intrigues! Comme serviteur du cardinal, je ne permettrai pas que vous vous livriez à des complots contre la sûreté de l’État[163], et que vous serviez les intrigues de la reine.

M. Bonacieux a compris rapidement que la demande de sa femme était liée aux affaires amoureuses de la reine.

– Allons, êtes-vous décidé[164]? elle a dit.

– Tenez, madame Bonacieux, a dit le bourgeois, tenez, décidément, je refuse: les intrigues me font peur. De plus, les conséquences de ce voyage peuvent être dangereuses. J’ai vu la Bastille, moi. Brrrrou! c’est affreux, la Bastille!

– Vous n’êtes point assez brave pour m’être d’une utilité quelconque[165], et je m’en retournerai bien au Louvre toute seule.

– Comme il vous plaira[166], madame Bonacieux, a répondu le bourgeois, et avec ces mots il s’est eloigné rapidement.

Nous savons qu’en même temps cette conversation a été entendue par d’Artagnan. Aussitôt que M. Bonacieux était sorti, le jeune homme est entré par la porte.

– Madame, il a dit, je suis prêt à me jeter dans le feu pour vous; enfin que la reine a besoin d’un homme brave, intelligent et dévoué.

– Et quelle garantie me donnerez-vous si je vous confie cette mission?

– Mon amour pour vous.

Le coeur de Mme Bonacieux battait de joie, et une secrète espérance a brillé à ses yeux[167]. Elle a trouvé un messagier à Londres dont elle avait besoin. La jeune femme lui a confié le terrible secret. D’Artagnan a connu déjà que Mme Bonacieux avait conduit le duc Buckingham au Louvres. Là, le duc, plein de l’amour, avait une rencontre avec la reine, pendant lequel il avait demandé quelque chose appartenant à la reine comme souvenir. La reine lui avait donné les ferrets de diamants[168]. Mais le cardinal avait appris que le duc visitait la reine, de plus, il savait que les ferrets étaient sortis avec lui. Lorsque le cardinal avait ses propres comptes avec la reine à cause du refus de cette dernière de devenir sa maîtresse[169], il avait décidé d’informer le roi de cette visite secrète. Le roi était en colère, et pour recevoir la preuve de l’infidélité de la reine, le cardinal lui avait conseillé:

– Sire, n’oubliez pas de dire à Sa Majesté, qu’au bal prochain qui sera à l’hôtel de ville[170] vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants[171].

Quand la reine avait appris tout ça, elle était désespérée. Elle avait demandé à sa lingère Mme Bonacieux de trouver immédiatement un messagier qui irait à Londre[172] pour rendre les ferrets de diamants au Louvre.

Et maintenant Mme Bonacieux a trouvé cet homme dévoué. D’Artagnan rayonnait de joie et d’orgueil. Ce secret qu’il possédait, cette femme qu’il aimait, la confiance et l’amour, faisaient de lui un géant[173].

Quand d’Artagnan est parti, Mme Bonacieux le suivait des yeux avec un long regard d’amour.