Читать книгу «Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy)» онлайн полностью📖 — Неустановленного автора — MyBook.
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Le coup d’Etat du 18 Brumaire

Après quatre années de Directoire, la crise économique s’est considérablement aggravée, crise à laquelle s’ajoutent un désordre intérieur considérable et une forte impopularité du pouvoir. Le général Bonaparte qui a donné des gages à l’intérieur en réprimant une insurrection royaliste, comme aux armées en Italie et en Egypte, est choisi pour mener un coup d’Etat. L’objectif est de renforcer le pouvoir exécutif et de ramener l’ordre. L’historien Jacques Bainville, dans sa biographie de Napoléon, rappelle cet épisode crucial de la Révolution.

Jacques Bainville, Napoléon, 1931

« Au fond, il a bien jugé de l’état de la France. Ce qui est à prendre, c’est le « tiers parti », celui qui avait déjà soutenu Henri IV après la Ligue et Louis XIV après la Fronde, cette masse, – le cardinal de Retz l’a bien dit – qui, nulle au commencement et au milieu des grandes crises, pèse le plus à la fin. Ce qui rapproche le plus du « tiers parti », ce sont les modérés, d’ailleurs impuissants par eux-mêmes, c’est pourquoi Sieyès, leur chef, a besoin d’une épée. Mais le général ne veut pas plus avoir l’air de s’offrir à Sieyès que Sieyès ne veut avoir l’air de prier le général. De part et d’autre, ce n’est pas amour-propre, coquetterie, mais politique et précaution. Chacun refuse de faire le premier pas pour rester libre vis-à-vis de l’autre. A ce jeu, on se pique. Sieyès se plaint du jeune insolent qui devrait être fusillé pour avoir abandonné son armée aux bords du Nil. Bonaparte riposte que Sieyès a trahi la France dans les négociations de Berlin.

Cependant on perd du temps, un temps précieux où les heures comptent. Le Conseil des Cinq-Cents, qui devine le danger, se dispose à rapporter quelques-unes de ses lois les plus odieuses. Une apparence de détente et d’apaisement suffirait à contenter le public, amollirait les esprits. Il faut agir vite, battre le fer quand il est chaud, et, sans plus de retard, mettre en contact direct celui qui a conçu et préparé le coup d’Etat et celui qui est capable de l’exécuter, associés naturels dont chacun apporte un des éléments nécessaires au succès de l’opération.

A peine, jusque-là, s’étaient-ils entrevus dans ces cérémonies officielles. Talleyrand fut, selon l’expression d’Albert Vandal, « l’entremetteur ». Ce n’est que le 2 brumaire (24 octobre) que, sur ses instances, Bonaparte se résolut à faire à Sieyès la visite qu’il avait lui-même attendue en vain rue Chantereine. Talleyrand, et près de lui Fouché; type d’hommes aussi indispensables au complot dans la seconde ligne de l’action que Bonaparte et Sieyès le sont dans la première. Car on a beau dire – après coup – que tout cela devait se faire, il y fallait beaucoup de concours. Encore le 18 brumaire faillit-il ne pas réussir. On s’est étonné que, plus tard, Napoléon ait gardé près de lui l’ancien oratorien et l’ancien évêque. On les a appelés ses mauvais génies. Il aurait fallu d’abord qu’au moment décisif et le plus difficile, il eût pu se passer d’eux et de bien d’autres. Mais rien n’eût été possible sans Sieyès, Fouché et Talleyrand, – « ce brelan de prêtres,» – qui lui apportaient, avec leur habileté et leur intelligence, la caution d’hommes aussi intéressés les uns que les autres à empêcher une contre-révolution. Voilà un coup d’Etat qui se présente dans les conditions les plus favorables. Il est organisé de l’intérieur par Sieyès et Ducos, deux des chefs du pouvoir qu’il s’agit de renverser. Des deux assemblées, l’une, le Conseil des Anciens, est complice, l’autre, le Conseil des Cinq-Cents, est manipulée par Lucien Bonaparte qui, tout jeune député qu’il est, s’est remué pour être élu président. Enfin l’opinion publique est sympathique. Même au faubourg Saint-Antoine, il n’y a pas de soulèvement à craindre. Et pourtant il s’en faudra de rien que ce coup d’Etat ne soit un échec.

Ce sera un peu la faute de Bonaparte. La partie gagnée, c’est pourtant lui qui aura le mieux calculé. Il s’est obstiné jusqu’au bout à donner à l’opération un caractère civil et aussi peu militaire que possible, à ne pas employer la violence, à recourir à la force tout juste quand il n’a pu faire autrement. Il a refusé, la veille de Saint-Cloud, d’écouter Sieyès et Fouché, qui étaient d’avis, pour mettre toutes les chances de son côté, de procéder à des arrestations préventives parmi les députés connus d’avance comme des adversaires ardents. A ce refus, peut-être imprudent, il gagnera de rendre son régime accessible aux plus purs révolutionnaires et de ne pas s’entendre reprocher un crime du 18 brumaire, comme son neveu le crime du 2 décembre. Il a joué la difficulté mais, au fond, il a eu raison parce qu’au-delà de la « journée », qui s’ajoute à la longue série des « journées » révolutionnaires, il a obtenu un des résultats auxquels il pensait. Il ne sera pas dans la dépendance des casernes comme s’il avait dû son élévation qu’à l’armée.

(…) La Constitution de l’an VIII fut promulguée le 14 décembre 1799, un peu plus d’un mois après la journée de Saint-Cloud. Les trois Consuls entrèrent en fonctions le 25 décembre. Les cinquante commissaires les installèrent et, avec eux, c’était la Convention, continuée par les Assemblées du Directoire, qui transmettait officiellement et solennellement le pouvoir au général Bonaparte et à ses deux collègues. Il y avait transition, non rupture. Et la proclamation qui fut lancée aux Français pour annoncer que les Consuls définitifs succédaient aux Consuls provisoires était sincère lorsqu’elle disait: «Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée. » En ajoutant: « Elle est finie », on s’abandonnait seulement à une illusion générale et qui n’était même pas neuve. Combien de fois n’avait-on pas dit qu’elle avait atteint son terme? Louis XVI lui-même l’avait cru quand le président de la Constituante le lui avait dit. »

Комментарии

brumaire – брюмер, месяц туманов. Второй месяц республиканского календаря (22 октября – 20 ноября), введенного во Франции во время Французской революции декретом Национального конвента (5 октября 1793 г.), применялся с 6 октября 1793 г. (15 вандемьера II года Республики). Отсчет лет начинался с 22 сентября 1792 г., первого дня Первой республики во Франции. Календарь действовал до 1 января 1806 г., когда был упразднен Наполеоном.

Ligue f – Католическая лига, объединение католиков против протестантов в годы Религиозных войн. Просуществовала примерно до 1595 г.

Fronde f – период антиправительственных мятежей во Франции в 1648– 1653 гг. во времена малолетства Людовика XIV, когда недовольство политикой Анны Австрийской и Мазарини объединило различные политические силы – от парламентской оппозиции до принцев.

Cardinal m de Retz – Жан-Франсуа Поль де Гонди, кардинал де Рец (1613– 1679), активный деятель Фронды, противник Мазарини. Автор знаменитых «Мемуаров», переведённых на русский язык.

Sieyès, Emmanuel-Joseph – Эммануэль-Жозеф Сийес (1748–1836), аббат, деятель Французской революции XVIII в. Прославился своей брошюрой «Что такое третье сословие?» (1788), избирался депутатом Генеральных штатов, Национального конвента, выполнял ряд дипломатических поручений. Член Директории (1799), сыграл важную роль в организации переворота 18 брюмера. Впоследствии сенатор, граф Империи, после Реставрации эмигрировал. Вернулся во Францию только при Июльской монархии.

Talleyrand – Шарль-Морис де Талейран-Перигор (1754–1838), епископ Отена, государственный деятель и дипломат, депутат Генеральных штатов, после падения монархии в эмиграции. При Директории дипломат, министр внешних сношений Франции, один из организаторов переворота 18 брюмера. После переворота до 1807 г. занимал пост министра внешних сношений. После Реставрации недолгое время глава правительства и министр иностранных дел, принимал участие в Венском конгрессе. По мнению одних, он был человеком чрезвычайно умным, ловким дипломатом, искусным мастером политической интриги, другие считали его человеком циничным, полным пороков. Его прозвали «Хромой дьявол» («diable boiteux»).

Albert Vandal – Альбер Вандаль (1853–1910), французский историк. На русский язык переведена его работа «Возвышение Бонапарта». rue Chantereine – с 1798 г.

rue Victoire, в 9 округе Парижа. Здесь находился особняк Богарне, в котором Бонапарт вёл подготовку 18 брюмера.

Joseph Fouché – Жозеф Фуше (1759–1820), герцог Отрантский, деятель Французской революции XVIII в., депутат Национального конвента. При Директории, Консульстве и Реставрации министр полиции, министр внутренних дел (1809). По закону 1816 г. выслан из страны как голосовавший за казнь Людовика XVI.

Pierre-Roger Ducos – Пьер-Роже Дюко (1747–1816), политический деятель, депутат Национального конвента и Совета старейшин, член Директории (1799), один из участников переворота 18 брюмера. Временный консул (1799), затем член Сената, граф Империи. С 1816 г. в эмиграции как голосовавший за казнь Людовика XVI.

Lucien Bonaparte – Люсьен Бонапарт (1775–1840), младший брат Наполеона Бонапарта, депутат Совета пятисот, один из участников переворота 18 брюмера. Министр внутренних дел (1799–1800), посол в Испании, член Трибуната (одного из законодательных органов при Консульстве и империи). faubourg m Saint-Antoine – предместье Сент-Антуан, рабочее восточное предместье Парижа.

Saint-Cloud – Сен-Клу, предместье Парижа, куда накануне переворота 18 брюмера был переведён под предлогом якобинской угрозы Законодательный корпус.

comme son neveu le crime du 2 décembre – 2 декабря 1851 г. племянник Наполеона Бонапарта Луи-Наполеон совершил государственный переворот.

Louis XVI – Король Франции Людовик XVI Бурбон (1774–1792).

Constituante f – Учредительное собрание (изначально Генеральные штаты), высшая законодательная власть во Франции в 1789–1791 гг.

II
L’histoire politique de la France au xixe sciècle: de Napoléon Ier à la chute du Second Empire

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Le code Civil des Français

L’œuvre législatrice de la Révolution, depuis 1789, est considérable. Les grands principes de la société nouvelle ont été affirmés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dе 1789, revus temporairement en 1793, et dans les constitutions successives. Mais cette Déclaration reste désincarnée. C’est l’œuvre du Consulat que de poser concrètement les modalités de la société française transformées. La promulgation du Code Civil des Français, dit: « Code Napoléon », est un élément essentiel de stabilisation économique et sociale. Désormais, la vie des Français s’organise autour de l’égalité juridique et de la garantie faite à la propriété privée.

Code Civil des Français (extraits), 1804

« Titre V. Du mariage.

Chapitre premier. Des qualités et conditions requises pour pouvoir contracter mariage.

Article 144. L’homme avant dix-huit ans révolus, la femme avant quinze ans révolus, ne peuvent contracter mariage.

Article 145. Le Gouvernement pourra néanmoins, pour des motifs graves, accorder des dispenses d’âge.

Article 146. Il n’y a pas de mariage lorsqu’il n’y a point de consentement.

Article 147. On ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier.

Article 148. Le fils qui n’a pas atteint l’âge de vingt-cinq ans accomplis, la fille qui n’a pas atteint l’âge de vingt-un ans accomplis, ne peuvent contracter mariage sans le consentement de leurs père et mère: en cas de dissentiment, le consentement du père suffit.

Article 149. Si l’un des deux est mort, ou s’il est dans l’impossibilité de manifester sa volonté, le consentement de l’autre suffit.

Chapitre V. Des obligations qui naissent du mariage.

Article 203. Les époux contractent ensemble, par le fait seul du mariage, l’obligation de nourrir, entretenir et élever leurs enfants.

Article 204. L’enfant n’a pas d’action contre ses père et mère pour un établissement par mariage ou autrement.

Article 205. Les enfants doivent des aliments à leurs père et mère, et autres ascendants qui sont dans le besoin.

Article 206. Les gendres et belles-filles doivent également, et dans les mêmes circonstances, des aliments à leurs beau-père et belle-mère; mais cette obligation cesse, 1° lorsque la belle-mère a convolé en secondes noces, 2° lorsque celui des époux qui produisait l’affinité, et les enfants issus de son union avec l’autre époux, sont décédés.

Article 207. Les obligations résultant de ces dispositions sont réciproques.

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