Читать книгу «Lutter Contre Tout Ennemi» онлайн полностью📖 — Джека Марса — MyBook.
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La foule s’était mise debout. L’ovation continuait… encore et encore.

« Nous nous engageons à ça, » dit Susan. « Et à plus encore. » Elle fit à nouveau une pause. « Merci, mes amis. Merci. »

* * *

L’intérieur du bâtiment lui donnait la chair de poule.

Susan traversa les couloirs, suivie de près par ses agents secrets, Kat Lopez et deux assistants. Le groupe passa les portes menant au Bureau ovale. Se retrouver là lui faisait bizarre. Elle avait ressenti la même chose une semaine plus tôt, quand elle avait fait pour la première fois le tour de la Maison Blanche. Il y avait quelque chose ici de surréel.

Presque rien n’avait changé. Le Bureau ovale était identique à la dernière fois qu’elle l’avait vu – le jour où il avait été détruit, le jour où Thomas Hayes et plus de trois cents personnes étaient mortes. Trois grandes baies vitrées aux rideaux tirés offraient toujours une vue sur le jardin des roses. Au milieu de la pièce, il y avait un espace confortable pour s’asseoir, placé sur un tapis luxueux arborant le sceau du Président. Même le bureau – ce cadeau offert par la reine Victoria d’Angleterre à la fin du XIXe siècle – se trouvait là, à son endroit habituel.

Bien entendu, ce n’était pas le même meuble. Il avait été reconstruit au cours des trois derniers mois, sur base des dessins originaux, dans un atelier de la campagne galloise. Mais c’était justement à ça qu’elle voulait en venir – tout avait l’air exactement identique. Elle avait presque l’impression que le Président Thomas Hayes – qui mesurait au moins dix centimètres de plus que tous ceux qui l’entouraient – allait entrer à tout moment et froncer les sourcils en la regardant.

Est-ce que ce bâtiment réveillait des traumatismes en elle ?

Elle savait qu’elle préférerait vivre à l’Observatoire naval. Cette magnifique résidence avait été sa maison depuis maintenant cinq ans. C’était un endroit aéré, ouvert et lumineux. Elle s’y sentait bien. La Maison Blanche, en revanche – surtout la partie résidence – était plutôt morne et sinistre, avec des courants d’air en hiver et très peu de lumière naturelle.

C’était une grande maison, mais on s’y sentait à l’étroit. Et il y avait… quelque chose d’autre dans ces lieux. Elle avait toujours l’impression qu’elle allait tomber sur un fantôme à chaque coin de couloir. Avant, elle pensait aux fantômes de Lincoln, de McKinley ou de Kennedy. Mais maintenant, elle savait que ce serait celui de Thomas Hayes.

Elle redéménagerait dans la seconde à l’Observatoire naval si elle le pouvait – si elle n’avait pas laissé l’endroit à quelqu’un d’autre. Sa nouvelle Vice-Présidente, Marybeth Horning, allait y emménager dans les prochains jours. Elle sourit en pensant à Marybeth – cette sénatrice ultra-libérale de Rhode Island – qui était occupée à mener une enquête sur une atteinte aux droits de l’homme au sein d’exploitations avicoles en Iowa, le jour où avait eu lieu l’attaque au Mont Weather. Marybeth était une défenseuse acharnée des droits des travailleurs et des femmes, de l’environnement et de tout ce qui tenait à cœur à Susan.

L’élever au poste de Vice-Présidente avait été l’idée de Kat Lopez. Une idée parfaite – Marybeth était une gauchiste tellement fervente que personne de la droite ne voudrait jamais que Susan soit assassinée. Ils finiraient avec leur pire cauchemar en tant que Présidente. Et le nouveau règlement des services secrets stipulait que Susan et Marybeth ne pourraient jamais se retrouver au même endroit au même moment, jusqu’à la fin du mandat de Susan – d’où l’absence de Marybeth aux festivités d’aujourd’hui. C’était un peu dommage parce que Susan aimait vraiment beaucoup Marybeth.

Susan soupira et regarda autour d’elle. Son esprit se mit à vagabonder. Elle repensa au jour de l’attaque. Ça faisait deux ans qu’elle et Thomas étaient un peu plus distants. Mais ça ne l’avait pas tracassée. Elle aimait son boulot de Vice-Présidente et David Halstram – le chef de cabinet de Thomas – veillait à ce que son emploi du temps soit toujours bien rempli de rendez-vous et d’événements, loin du Président.

Mais ce jour-là, David lui avait demandé d’être aux côtés du Président. La cote de popularité de Thomas avait chuté et le Président de la Chambre avait demandé sa destitution. Il était assiégé de toutes parts, tout ça parce qu’il ne voulait pas entrer en guerre avec l’Iran. Bien sûr, le Président de la Chambre à cette époque, c’était Bill Ryan, l’un de ceux qui avaient comploté le coup d’état et qui, à cet instant précis, était incarcéré dans une prison fédérale, en attendant d’être transféré dans le couloir de la mort.

Elle se revit, occupée à examiner une carte du Moyen-Orient dans ce même bureau, en compagnie de Thomas. Ils ne parlaient de rien de sérieux. Ils se contentaient de plaisanter. Ce n’était pas une véritable réunion stratégique, juste une conversation.

Soudain, deux hommes avaient fait irruption dans la pièce.

« FBI ! » hurla l’un d’entre eux. « J’ai un message important pour le Président. »

L’un de ces hommes était l’agent Luke Stone.

Sa vie avait changé à cet instant et elle n’avait plus jamais été la même. Son mariage avait presque été anéanti par un scandale. Sa fille avait été kidnappée. Susan avait vieilli de dix ans en six mois et elle avait dû essuyer plusieurs attaques terroristes et politiques.

Maintenant, elle se retrouvait à devoir dormir toute seule dans cette vieille maison pleine de courants d’air. Ils avaient dépensé un milliard de dollars pour rénover l’endroit et elle n’avait pas envie d’y vivre. Hum. Il allait falloir qu’elle en parle à Kat.

« Susan ? »

Elle leva les yeux et vit Kurt Kimball. Son apparition soudaine la tira hors de sa rêverie. Kurt était un homme de grande taille et aux épaules larges, avec une tête ronde et lisse comme une boule de billard. Son regard était vif et alerte. Il était l’image même de la vitalité à l’âge de cinquante-trois ans. Il était ce genre de personnes à penser que la cinquantaine, c’était un peu comme la trentaine. Jusqu’à ce qu’elle devienne Présidente, Susan aurait sûrement été de son avis. Mais maintenant, elle n’en était plus aussi sûre. Il lui restait deux ans avant la cinquantaine. Et si les choses continuaient comme ça, au moment où elle atteindrait ce cap, la cinquantaine allait plutôt être pour elle l’équivalent de la soixantaine.

« Salut, Kurt. »

« Susan, l’agent Stone est là. Il a interrogé Don Morris au Colorado hier soir. Il pense avoir des informations qui pourraient nous intéresser. Je ne lui ai pas encore parlé, mais mes hommes m’ont appris qu’il avait été impliqué dans un incident quand il est rentré ce matin à Washington. »

« Un incident ? Quel genre d’incident ? » Ça n’avait pas l’air d’être une bonne nouvelle. Mais en même temps, quand est-ce que l’agent Stone n’avait pas été, d’une manière ou d’une autre, impliqué dans un incident ?

« Il y a eu une fusillade à Georgetown. Deux hommes dans un pickup ont apparemment essayé de le tuer. Luke en a descendu un, mais l’autre a réussi à s’enfuir. »

Susan regarda Kurt. « Est-ce que ça a quelque chose à voir avec Don Morris ? »

Kurt secoua la tête. « On ne sait pas. Mais c’est arrivé à deux pâtés de maisons de l’appartement de Trudy Wellington. Comme vous le savez, Wellington a disparu, mais apparemment Stone s’est rendu directement à son appartement après son entrevue avec Morris. Tout ça, c’est plutôt… inhabituel. »

Susan prit une profonde inspiration. Stone lui avait plus d’une fois sauvé la vie. Il avait également sauvé sa fille des griffes de kidnappeurs. Il avait sauvé d’innombrables vies au cours de l’attaque de l’Ébola et la crise nord-coréenne. Il avait même rendu service au monde en assassinant au passage le dictateur de la Corée du Nord. C’était un atout inestimable pour Susan. C’était un peu son arme secrète. Mais il était également instable. Il était violent et il s’impliquait parfois dans ce qu’il ne devrait pas.

« En tout cas, » dit Kurt, « il est ici pour faire son rapport. Je pense qu’on devrait inaugurer la nouvelle salle de crise et entendre ce qu’il a à nous dire. »

Susan hocha la tête. C’était presque un soulagement d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. La salle de crise de la Maison Blanche était un espace dédié uniquement à cet effet et ça n’avait rien à voir avec la salle de réunion qu’ils avaient utilisée à l’Observatoire naval. C’était un centre de commandement entièrement rénové et mis à jour, avec tout un équipement de pointe. Cela leur permettrait d’augmenter considérablement leur capacités stratégiques – en tout cas, c’était ce qu’on lui avait dit.

Le seul problème ? C’était que c’était au sous-sol et que Susan aimait les fenêtres.

« Donne-moi juste une minute pour aller me changer, OK ? » Susan montra la robe de designer qu’elle portait. « Je ne pense pas que ce soit très indiqué pour une réunion des renseignements. »

Kurt sourit. Il la regarda de haut en bas.

« Non, viens comme ça. Tu es superbe. Ils seront impressionnés – ça veut dire que tu t’es remise direct au travail après l’inauguration. »

* * *

Luke se trouvait dans l’ascenseur qui descendait vers la salle de crise. Il était fatigué – il avait été interrogé pendant deux heures par la police de Washington, avant de pouvoir se reposer quelques heures. Il avait complètement raté la cérémonie d’inauguration de la Maison Blanche.

Mais la reconstruction du bâtiment et son inauguration n’étaient pas vraiment des priorités à ses yeux. En entrant, il avait à peine fait attention aux lieux et à la foule qui s’extasiait devant. Il était perdu dans ses pensées – il pensait à sa vie, à Becca et à Gunner, à Don Morris et aux choix qu’il avait faits et qui l’avaient mené à cette fin. Luke avait également tué un homme la nuit dernière et il ne savait toujours pas pourquoi.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur une salle de crise ovale. Elle était plus petite et on s’y sentait plus à l’étroit que dans la salle de réunion qu’ils avaient utilisée à l’Observatoire naval. Elle était également moins ad hoc. L’endroit ressemblait au module de commandement d’un vaisseau spatial hollywoodien. Il était conçu pour une utilisation maximale de l’espace, avec de grands écrans encastrés dans les murs à un mètre les uns des autres, et un écran géant de projection sur le mur du fond. La table de réunion était équipée de fentes d’où sortaient des tablettes et des micros – qui pouvaient facilement être rangés dans ces mêmes compartiments, si la personne préférait utiliser son propre ordinateur.

Tous les sièges en cuir autour de la table étaient occupés – majoritairement par des décideurs d’âge moyen et à moitié obèses. Quant aux sièges le long des murs, ils étaient occupés par de jeunes assistants, qui tapaient des messages sur leur tablette ou parlaient au téléphone.

Susan Hopkins était assise dans un fauteuil, vers le bout de la table. Tout au fond, se tenait Kurt Kimball, le conseiller à la sécurité nationale de Susan. Les mêmes têtes que d’habitude occupaient les sièges qui les séparaient.

Kurt vit Luke entrer et il frappa des mains. On aurait dit le bruit d’un livre qui tombait sur un sol en pierre. « Un peu de silence, tout le monde ! Silence, s’il vous plaît. »

Peu à peu, le brouhaha diminua. On n’entendait plus que quelques assistants qui parlaient le long du mur.

Kurt frappa à nouveau dans les mains.

CLAP. CLAP.

La pièce devint totalement silencieuse.

« Salut, Kurt, » dit Luke. « Ce n’est pas mal, votre nouveau centre de commandement. »

Kurt hocha la tête. « Agent Stone. »

Susan se tourna vers Luke et ils se serrèrent la main. « Madame la Présidente, » dit-il. « Ça fait plaisir de vous revoir. »

« Bienvenue, Luke, » dit-elle. « Quel genre de nouvelles avez-vous à nous apprendre ? »

Il regarda Kurt. « Vous êtes prêts à écouter mon rapport ? »

Kurt haussa les épaules. « C’est pour ça qu’on est là. Si vous n’étiez pas là, on serait à l’étage et on profiterait des festivités. »

Luke hocha la tête. Ça avait été une longue journée et il était encore tôt. Il avait envie d’en finir le plus vite possible et d’aller dans la maison de campagne qu’il avait partagée avec Becca. Il en avait assez de tout ça. Ce qu’il désirait le plus, c’était faire une sieste. Une simple sieste sur le divan et peut-être plus tard, en fin d’après-midi, regarder le soleil se coucher sur l’eau avec une tasse de café en main. Il y avait beaucoup de choses auxquelles il devait réfléchir et il avait beaucoup de planning à faire. L’image de Gunner lui apparut en tête.

Tous les yeux étaient sur lui. Il prit une profonde inspiration et répéta ce que Don lui avait dit. Des terroristes islamiques allaient voler des armes nucléaires dans une base aérienne en Belgique.

Un homme blond, costaud et de grande taille leva la main. « Agent Stone ? »

« Oui. »

« Haley Lawrence. Secrétaire à la défense. »

Luke l’avait su mais jusqu’à cet instant, il l’avait oublié.

« Monsieur le Secrétaire, » dit-il. « Que puis-je faire pour vous ? »

L’homme eut un léger sourire, qui ressemblait presque à un rictus. « Comment pensez-vous que Don Morris a pu obtenir ces renseignements ? Il est enfermé dans une prison fédérale de haute sécurité, la plus sécurisée que nous ayons actuellement. Il est détenu en isolement dans sa cellule vingt-trois heures par jour et il n’a aucun contact direct avec personne, excepté les gardiens. »

Luke sourit. « Je pense que c’est une question qu’il faudrait poser aux gardiens. »

Quelques rires se firent entendre dans la salle.

« Je connais Don Morris depuis longtemps, » dit Luke. « C’est probablement l’une des personnes les plus débrouillardes et pleines de ressources que je connaisse. Je ne doute pas un seul instant qu’il reçoive des renseignements, même dans sa situation actuelle. Est-ce que ce sont des renseignements fiables ? Je n’en ai aucune idée, et lui non plus. Il n’a aucun moyen de pouvoir les vérifier. J’imagine que ça, c’est notre boulot. »

Il jeta un coup d’œil en direction de Kurt. « Ça, ce sont toutes les informations dont je dispose. »

Kurt fit une pause, puis hocha la tête. « OK, on va reprendre ça un peu à la volée mais on a déjà pas mal d’informations qui pourraient nous être utiles. J’ai en effet la Belgique en tête depuis quelques années, comme vous pouvez vous en douter. » Il se tourna vers une assistante qui se tenait derrière lui. « Amy, peux-tu afficher une carte de la Belgique ? Avec les noms de Molenbeek et de Kleine Brogel, si tu veux bien. »

La jeune femme pianota sur sa tablette, pendant qu’un autre assistant allumait l’écran principal qui se trouvait derrière Kurt. Quelques secondes s’écoulèrent avant que l’écran bleu du bureau apparaisse à l’écran. Entretemps, les conversations avaient repris à voix basse dans la salle.

Kurt regarda son assistante, qui hocha la tête. Kurt regarda alors la Présidente.

« Susan, tu es prête ? »

« Prête. »

Une carte de l’Europe apparut à l’écran derrière lui. L’image zooma rapidement sur l’Europe occidentale, puis sur la Belgique.

« OK. Derrière moi, vous voyez une carte de la Belgique. Il y a deux endroits dans ce pays sur lesquels je voudrais attirer votre attention. Le premier, c’est la capitale, Bruxelles. »

Derrière lui, l’image zooma à nouveau. Ils virent le réseau dense d’une ville, avec une autoroute qui l’entourait. La carte bougea dans le coin supérieur gauche et ils virent plusieurs photos de rues pavées, d’un édifice gouvernemental datant du XIXe siècle, et d’un pont imposant et majestueux au-dessus d’un canal.

Il se tourna vers son assistante. « Est-ce que tu peux montrer Molenbeek, s’il te plaît. »

L’image zooma à nouveau et d’autres photos de rues apparurent. Sur l’une d’entre elles, un groupe d’hommes barbus manifestaient en portant une bannière blanche, les poings levés. Sur le haut de la bannière, des caractères arabes étaient inscrits en noir. En-dessous, se trouvait la traduction en anglais :

Non à la démocratie !

« Molenbeek est une commune de Bruxelles, comptant environ quatre-vingt-quinze mille habitants. C’est la commune la plus densément peuplée de la ville et, dans certains quartiers, quatre-vingts pourcents des habitants sont musulmans, pour la plupart de descendance turque ou marocaine. C’est un foyer d’extrémisme. Les armes qui ont été utilisées pour l’attaque du Charlie Hebdo avaient été cachées à Molenbeek. Les attaques terroristes de 2015 à Paris y ont été planifiées, et les auteurs de ces crimes sont tous des hommes qui ont grandi et ont vécu à Molenbeek. »

Kurt regarda autour de lui. « En bref, si des attaques terroristes sont actuellement planifiées en Europe, et nous pouvons supposer que c’est bien le cas, il y a de grandes chances que la planification ait lieu à Molenbeek. Est-ce que nous sommes bien clairs sur ce point ? »

Un murmure d’approbation traversa la salle.

« OK, voyons maintenant Kleine Brogel. »

À l’écran, l’image fit un zoom arrière, se déplaça légèrement sur la droite et zooma à nouveau. Luke aperçut les pistes et les bâtiments d’un aérodrome, à proximité d’une petite ville.

« La base aérienne de Kleine Brogel, » dit Kurt. « C’est un aérodrome militaire belge situé à environ cent kilomètres à l’Est de Bruxelles. Le village que vous voyez, c’est Kleine Brogel, d’où le nom de la base aérienne. Elle abrite le 10e Wing tactique de l’armée belge. Ils opèrent avec des F-16 Fighting Falcons, des avions de chasse supersoniques qui peuvent, entre autres choses, larguer des bombes nucléaires B61. »

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