Читать книгу «Voie sans issue» онлайн полностью📖 — Блейка Пирс — MyBook.
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« Qu’est-ce que vous pouvez nous dire concernant les derniers jours de Lauren ? » demanda Chloé.

« J’ai déjà tout raconté à la police. »

« Nous comprenons, » dit Moulton. « Et nous avons une copie de leurs rapports. Mais pour avoir une idée bien claire de la situation, il est possible que nous vous posions des questions qui vont vous amener à devoir répéter certaines choses. »

« OK, je comprends, » dit Jerry.

Chloé avait l’impression que Jerry n’avait pas tout à fait l’air conscient de ce qui se passait autour de lui. Il avait un air incroyablement détaché. Si elle ne connaissait pas la situation traumatisante qu’il traversait pour l’instant, elle aurait pensé qu’il était sous l’influence de drogues.

« La première question peut paraître insensée, vu ce qui s’est passé, » dit Chloé, « mais est-ce que vous pensez à qui que ce soit qui aurait pu être fâché sur votre femme ? »

Il eut un léger sourire et secoua la tête. Quand il se mit à parler, sa voix tremblait. « Non. « Lauren était assez repliée sur elle-même ces derniers temps. Plutôt introvertie. Ça s’est encore accentué dernièrement… elle faisait tout un travail intérieur, vous voyez ? »

« Vous savez pourquoi ? »

« Elle avait un passé difficile. Des parents un peu tordus, ce genre de choses. Elle était un peu bully au lycée. J’imagine que c’est comme ça qu’on l’appellerait de nos jours. Une fille assez méchante et cruelle avec les autres. Ces derniers temps, elle commençait à essayer d’accepter et de surmonter ces erreurs du passé. Je pense que ça l’a encore plus fait réfléchir quand elle a reçu cette fichue invitation pour aller à la réunion d’anciens élèves du lycée. »

« Elle était nerveuse à l’idée d’y aller ? » demanda Chloé.

« Je ne sais pas mais ça l’a rendue triste. Je pense… que c’était le fait de penser à tous les gens avec lesquelles elle n’avait pas été très sympa. »

« Est-ce que vous avez terminé le lycée la même année ? » demanda Moulton.

« Oui. »

« Et est-ce que vous l’avez accompagnée à la réunion ? »

« Mon dieu, non. Je déteste ce genre de choses. Faire des simagrées et prétendre d’apprécier des gens que vous n’aimiez pas au lycée. Non. C’était hors de question. »

« Vous dites qu’elle était introvertie, » dit Chloé. « Elle n’avait pas beaucoup d’amis ? »

« Oh, elle en avait quelques-uns. Claire en faisait partie. Et les amis qu’elle avait, c’était un peu comme sa propre famille. Elle en était très proche. »

« Est-ce que vous leur avez parlé depuis la tragédie ? » demanda Moulton.

« Juste une. Elle a appelé dès qu’elle a appris la nouvelle pour savoir si j’avais besoin de quoi que ce soit. »

« Ce sont ces amis qui sont allés avec elle à la réunion d’anciens élèves ? »

« Oui. Claire y est allée aussi. Mais elle est aussi un peu introvertie. Je pense qu’elle n’y est allée que par curiosité. »

« Est-ce que vous et Lauren avez des enfants ? » demanda Chloé. « Dans ce genre de quartier, en général, il y a au moins un enfant dans chaque maison. »

« On en a deux. Notre fille aînée, Victoria, a dix-huit ans. Elle vient juste de commencer l’université cette année. Elle…. Eh bien, elle a choisi de passer cette période difficile avec ses grands-parents. Et vu qu’elle est partie là-bas, notre cadet – Carter – a aussi voulu y aller. Je n’ai jamais eu une super relation avec mes beaux-parents, mais le fait que mes enfants soient là-bas, c’est une bénédiction. J’ai l’impression d’être un très mauvais père, mais si mes enfants étaient ici, je pense que je m’effondrerais. »

« Est-ce que vous ressentez de l’animosité par rapport au fait que vos enfants soient actuellement chez leurs grands-parents ? » demanda Moulton.

« J’aimerais qu’ils soient ici avec moi… pour les voir. Mais je suis complètement effondré. Et jusqu’à ce que la maison soit en meilleur état… je pense que c’est mieux qu’ils soient là-bas. »

« Vous avez dit que l’aînée avait choisi de rester avec eux pour traverser ces moments difficiles, » dit Moulton. « Quelle en est la raison ? »

« Elle avait hâte de partir de la maison. Elle avait une relation tendue avec Lauren ces dernières années. Une relation toxique mère-fille. Notre fille… elle invitait des garçons à venir à la maison, elle sortait en cachette pendant la nuit. Elle a commencé à faire ce genre de choses dès l’âge de treize ans. À quinze ans, elle a cru qu’elle était enceinte. Et si vous faites le calcul… Lauren n’avait que trente-sept ans. Nous avons eu notre première fille alors que nous n’avions que dix-neuf ans. »

Chloé se dit que cette situation familiale un peu tendue ne devait pas faciliter les choses pour Jerry Hilyard. Elle ne pensait pas qu’il y ait quoi que ce soit de plus à apprendre de lui, mais il se pourrait que ce soit utile d’aller parler à sa fille.

« Monsieur Hilyard, est-ce que ça vous dérange si on va jeter un coup d’œil dans votre maison ? » demanda-t-elle.

« Non, il n’y a pas de problème. Le shérif et quelques-uns de ses hommes y sont allés à plusieurs reprises. Le code pour entrer, c’est le deux-deux-deux-huit. »

« Merci, monsieur Hilyard, » dit Moulton. « N’hésitez pas à nous contacter si vous pensez à quoi que ce soit d’autre. Pour l’instant, je pense qu’on va parler un peu à madame Lovingston pour voir si elle a d’autres détails à nous apprendre. »

« Elle a dit à la police tout ce qu’elle savait. Je pense qu’elle commence à être agacée par toutes ces questions. »

« Et son mari ? Est-ce qu’il connaissait bien votre femme ? Est-ce que vous vous retrouviez régulièrement tous les quatre ? »

« Non. Le mari de Claire est souvent en voyage pour affaires. Je l’ai appelé via FaceTime pour m’assurer qu’il n’y avait pas de problème si je restais ici. Et de toute façon, l’amitié, c’était surtout entre Claire et Lauren. Elles se retrouvaient toutes les semaines pour boire un verre de vin sur le porche, en changeant de maison à chaque fois. »

Claire entra lentement dans la pièce. Elle avait apparemment mis à dormir le bébé qu’elle portait auparavant dans ses bras.

« Et on faisait le genre de choses que font toutes les femmes. On parlait de nos maris, on se rappelait le passé. Je lui parlais des hauts et des bas d’avoir un bébé en bas âge. Et plus récemment, on parlait des difficultés qu’elle rencontrait avec sa fille. »

« Que pouvez-vous nous dire au sujet de Lauren et qu’est-ce qui pourrait avoir poussé quelqu’un à faire une telle chose ? » demanda Chloé.

« Lauren a pris certaines décisions au lycée avec lesquelles ses parents n’étaient pas particulièrement d’accord, » répondit Claire. « Après le lycée et après avoir accouché de sa fille… eh bien, il n’était plus question pour elle d’aller à l’université. »

« Ils ont eu honte, » ajouta Jerry. « Ils étaient fâchés sur elle et ils ont déménagé dans le New Hampshire. Ils racontent tous ces mensonges à notre fille dès qu’ils en ont l’occasion. »

« Ils essayent de compenser les erreurs qu’ils ont commises avec Lauren, » dit Claire. « De véritables connards. »

En voyant que la conversation se transformait tout doucement en une série de critiques envers les beaux-parents, Chloé prit la parole. « Madame Lovingston, est-ce que vous savez si Lauren avait des ennemis, des gens qui lui voulaient du mal ou même des relations un peu tendues ? » demanda Chloé.

« Pas en-dehors de sa famille. Et bien que ce soit de vrais connards, ils ne feraient certainement pas une telle chose. C’est… c’est vraiment lamentable. »

Moulton mit la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit une carte de visite. Il la posa sur la table du salon et dit : « Si vous repensez à quoi que ce soit d’autre, surtout n’hésitez pas à nous appeler. »

Claire et Jerry se contentèrent de hocher la tête. La conversation avait été brève mais elle les avait profondément affectés. Chloé et Moulton prirent congé dans un silence gêné.

Quand ils furent à l’extérieur et qu’ils s’avançaient vers la voiture, Chloé s’arrêta un moment sur le trottoir. Elle regarda dans la rue, en direction de la maison des Hilyard, et elle vit qu’elle se trouvait à peine hors de vue. Mais elle commençait à être d’accord avec Moulton. C’était peut-être un peu trop près. Et si la chambre à coucher ressemblait encore à ce qu’elle avait vu sur les photos que Johnson leur avait montrées, ça semblait presque morbide que Jerry reste aussi près.

« Tu es prêt à aller faire le tour de la maison ? » demanda Chloé.

« Pas vraiment, » dit Moulton. Il avait les images du dossier encore bien présentes à l’esprit. « Mais j’imagine qu’il faut bien commencer quelque part. »

Ils entrèrent dans la voiture et retournèrent par là où ils étaient venus. Chloé n’arrêtait pas de se dire que ça ne pouvait pas être pire que ce qu’elle avait vu sur les photos – tout ce rouge sang sur les draps blanc immaculé.

***

Il ne leur fallut que vingt secondes pour arriver à la maison des Hilyard. Le fait qu’elle ressemble presque en tous points à la maison des Lovingston – et à presque toutes les autres maisons du quartier – était plutôt sinistre. Ils entrèrent par la porte d’entrée avec le code que Jerry Hilyard leur avait donné et ils pénétrèrent dans une maison où le silence régnait en maître.

Sachant exactement pourquoi ils étaient là, ils ne perdirent pas une minute et montèrent à l’étage. La chambre à coucher principale fut facile à trouver. C’était la pièce tout au bout du couloir. Par la porte ouverte, Chloé put déjà discerner des traînées de sang sur la moquette et sur les draps.

Mais elle fut soulagée de se rendre compte que la scène n’était pas aussi horrible que ce qu’elle avait vu sur les photos que le directeur Johnson leur avait montrées. Pour commencer, le corps avait été retiré. Ensuite, les taches de sang avaient un peu séché et elles était plus pâles que sur les photos.

Ils s’approchèrent du lit, en faisant attention de ne pas marcher sur les éclaboussures de sang qui se trouvaient sur la moquette. Il y avait des endroits où le médecin légiste et les premiers enquêteurs avaient accidentellement marché dans les taches de sang. Chloé regarda de l’autre côté de la pièce, en direction d’une commode où une petite télé à écran plat était accrochée au mur. Elle regardait probablement la télé quand c’est arrivé, peut-être pour évacuer les souvenirs de la réunion des anciens élèves…

Chloé descendit ensuite au rez-de-chaussée et inspecta les lieux. Elle ne vit aucun signe d’entrée par effraction et aucune indication que quoi que ce soit ait été volé. Elle inspecta le salon, la cuisine et la chambre d’amis. Elle sortit même sur le porche arrière et regarda autour d’elle. Il y avait une petite table dans le coin. Un cendrier était posé au milieu, sous le parasol.

Chloé laissa échapper un léger humm quand elle vit le contenu du cendrier. Il n’y avait aucun mégot de cigarettes, seulement des cendres et du papier. Elle se pencha en avant pour en respirer l’odeur. Et c’était sans aucun doute de la marijuana. Elle réfléchit en se demandant si c’était quelque chose de pertinent dans leur enquête.

Chloé sursauta légèrement quand son téléphone sonna. Moulton, qui venait de la rejoindre sur le porche arrière, surprit son air décontenancé et il lui sourit. Elle leva les yeux au ciel et répondit à l’appel, dont le numéro lui était inconnu.

« Agent Fine, » dit-elle, en décrochant.

« C’est Claire Lovingston. Je voulais vous dire que je viens juste de recevoir un appel de l’une de mes amies, Tabby North. C’est l’une des amies proches dont Jerry vous a parlé. Elle voulait savoir si d’autres policiers étaient venus me voir. Je lui ai dit que le FBI venait juste de passer et elle voudrait vous parler. »

« Elle a des informations pour nous ? »

« Franchement… Je ne sais pas. Probablement pas. Mais c’est une communauté assez petite, ici. Je pense qu’ils veulent juste découvrir le fin mot de cette histoire. Je suis sûre qu’ils vous seront certainement utiles. »

« OK. Est-ce que vous pouvez m’envoyer son numéro une fois qu’on aura raccroché ? »

Chloé raccrocha et mit Moulton au courant. « C’était Claire. L’une des amies de Lauren l’a appelée pour savoir s’il y avait du neuf. Elle aimerait nous parler. »

« Tant mieux. Pour dire vrai… je pense en avoir assez de cette maison. Cette chambre à coucher me donne la chair de poule. »

C’était une bonne manière de tourner la chose. Chloé pouvait encore voir les images des photos dans sa tête, alors voir la scène sans le corps, c’était comme rentrer dans un ancien lieu abandonné qu’elle n’était pas sensée voir.

Mais ils retournèrent tout de même dans la chambre à coucher et ils prirent leur temps pour examiner l’endroit de près. Ils inspectèrent la salle de bains, la penderie et regardèrent même en-dessous du lit. N’ayant rien trouvé d’intéressant, ils quittèrent la maison et, quelques instants plus tard, ils sortirent du quartier de Farmington Acres. Chloé trouva à nouveau que c’était un lieu réellement charmant – le quartier idéal pour élever des enfants et se forger un avenir.

Tant que tu n’avais pas de problèmes avec le fait que, de temps en temps, il se pourrait qu’il faille composer avec un meurtre.

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