Garcia les regarda, en remarquant visiblement la tension qu’il y avait entre elles, puis haussa les épaules. « Nous avons un meurtre à Landover dans le Maryland. C'est une affaire qui semblait assez banale au premier abord. La police du Maryland s'en occupe pour le moment, mais ils ont demandé notre aide. Il faut également que je vous dise que Jacob Ketterman des Affaires Publiques de la Maison Blanche connaissait la victime. Il a travaillé avec elle dans le passé. Il nous a également demandé de nous pencher sur cette affaire, en tant que faveur personnelle. Et quand ça vient de la Maison Blanche, nous essayons de rester discrets. Ce qui ne devrait pas être compliqué, avec cette affaire. À première vue, c'est un homicide assez banal. C'est une des raisons pour lesquelles nous l'assignons à de nouveaux agents. Ce sera un bon test pour vous et ce n'est pas non plus très urgent, même si nous aimerions bien sûr que cela soit résolu le plus tôt possible. »
Il leur fit ensuite glisser deux copies du rapport. La description était brève et allait à l’essentiel. Pendant que Chloé le survolait des yeux, Garcia leur récita ce qu’il en savait.
« La victime s’appelle Kim Wielding, elle avait trente-six ans. Elle travaillait en tant que nounou pour la famille Carver quand elle a été assassinée. D’après ce que nous savons, quelqu'un est entré dans la maison et l'a tuée. Elle a été frappée à deux reprises à la tête avec quelque chose de très dur, puis étranglée. Elle avait deux méchantes blessures à la tête. Il reste encore à déterminer laquelle a causé sa mort. Nous avons besoin que vous trouviez qui a fait ça. »
« Est-ce que le meurtre était la seule motivation de l’assassin ? » demanda Chloé.
« On dirait bien. Rien n'a été volé. La maison était exactement dans l'état que l'avaient laissée les Carver... À l'exception de leur nounou morte. L'adresse est là, dans les notes, » continua Garcia. « Je viens de raccrocher avec le shérif de Landover. Le couple Carver et leurs trois enfants sont à l'hôtel depuis le drame, il y a deux jours. Mais ils vous retrouveront chez eux ce matin pour répondre à vos questions. Et c'est tout ce qu'on sait pour l’instant. Allez-y et faites-en sorte de boucler cette affaire. Allez aux RH et demandez une voiture. Vous êtes familières avec la procédure ? »
Chloé ne l'était pas, mais elle acquiesça tout de même. Elle prit pour acquis que Rhodes devait probablement connaître la procédure. Compte tenu de la manière dont le jour précédent s'était déroulé, Chloé supposa que Rhodes connaissait la moindre information concernant le fonctionnement du FBI.
Rhodes et Chloé prirent congé. Chloé but une dernière gorgée de son café avant de sortir du bureau de Garcia. Elles suivirent le couloir jusqu'à l'ascenseur, sans échanger le moindre mot.
La journée va être longue, si on n’arrive pas à passer outre cette stupide rivalité, pensa Chloé.
Au moment où Chloé appuya sur le bouton de l’ascenseur, elle se tourna vers Rhodes et fit de son mieux pour non seulement briser la glace - mais pour vraiment essayer de l’éliminer.
« Agent Rhodes, parlons ouvertement. Est-ce que vous avez un problème avec moi ? »
Rhodes eut un petit sourire et prit un moment pour réfléchir à sa réponse. « Non, » dit-elle finalement. « Je n'ai pas de problème avec vous, agent Fine. Mais je suis un peu hésitante quant à travailler avec quelqu'un qui a été intégrée au ViCAP à la toute dernière minute. Je me demande si quelqu'un ne vous fait pas des faveurs – et ce serait injuste par rapport à d'autres agents qui ont vraiment dû s’efforcer pour faire partie de ce programme. »
« Non pas que cela vous regarde vraiment, mais on m'a demandé d'intégrer ce programme. J'étais parfaitement heureuse de poursuivre ma carrière à l'équipe scientifique. »
Rhodes haussa les épaules au moment où les portes de l’ascenseur s’ouvraient. « Je ne suis pas sûre que l'équipe scientifique aurait été enthousiaste, vu la manière dont vous avez brouillé cette empreinte de pas hier. »
À cela, Chloé ne répondit rien. Elle aurait pu continuer à argumenter avec Rhodes, mais cela n'aurait rien arrangé et n’aurait fait qu’empirer encore plus leur relation professionnelle. Pour vraiment y mettre fin, il fallait tout simplement qu’elle démontre à Rhodes ce qu'elle valait vraiment.
En plus, elle avait vraiment bien merdé hier. Et la seule façon d'y remédier, c’était de faire ses preuves dans cette nouvelle enquête.
***
Quand Rhodes décida de conduire sans même le lui demander, Chloé ne broncha pas. Ça ne valait pas la peine de s'énerver pour ça. Sur la route de Landover, Chloé se demanda ce qui avait bien pu se passer dans la vie de Rhodes pour en arriver là – ce qui l’avait poussée à être aussi autoritaire et à vouloir tout contrôler. Elle eut beaucoup de temps pour y penser pendant la demi-heure jusqu'à Landover vu que Rhodes ne faisait toujours aucun effort pour lui parler.
Elles arrivèrent à la résidence des Carver à 8h05. C'était une maison magnifique dans un quartier aisé, le genre de quartier où toutes les pelouses étaient parfaitement tondues en suivant la ligne parfaite des trottoirs. Un minivan neuf était garé devant le garage. Rhodes se gara derrière et arrêta le moteur. Elle regarda alors Chloé et demanda : « C’est bon ? C’est réglé entre nous ? »
« Je ne crois pas, mais ce n'est pas grave. Concentrons-nous sur l'affaire. »
« C'est ce que je voulais dire, » lui répondit Rhodes, en ouvrant sa portière pour sortir de voiture.
Chloé la rejoignit et elles virent un homme et une femme sortir du minivan – les Carver, supposa Chloé. Ils se présentèrent et il s’agissait en effet des Carver, Bill et Sandra. Bill était le genre de personne qui ne devait pas beaucoup dormir, mais qui y trouvait satisfaction. Sandra était plutôt jolie, le genre de femme qui ne devait probablement pas faire beaucoup d'efforts pour l’être. Mais elle avait l'air lasse, surtout au moment où elle regarda en direction de la maison.
« On nous a dit que vous dormiez à l'hôtel ? » demanda Chloé.
« Oui, » répondit Sandra. « Quand c'est arrivé, Bill était absent pour son travail. La police n’arrêtait pas d’entrer et de sortir de la maison et il y avait... Eh bien, il y avait tellement de sang. Donc je suis allée chercher les enfants à l'école, je les ai emmenés dîner et dormir dans un hôtel. Je leur ai dit ce qui s'était passé et ça nous a semblé totalement déplacé de revenir chez nous. »
« Je suis rentré hier matin, » dit Bill. « Aux environs de midi, la police nous a autorisés à rentrer à la maison. Mais les enfants et Sandra étaient trop effrayés pour y rentrer. »
« C’est certainement pour le mieux, » dit Rhodes. « Nous aimerions jeter un coup d'œil à la scène, si vous n'y voyez pas d'inconvénients. »
« Oui, le shérif nous a prévenus de votre visite, » dit Sandra. « Il nous a demandés de vous dire qu'il y avait un dossier avec toutes les informations sur le comptoir de cuisine. »
« Avant que nous allions à l'intérieur, » dit Chloé, « je me demandais si vous pourriez nous parler un peu de Kim ? »
« Elle avait tellement bon cœur, » répondit Sandra.
« Et elle était géniale avec les enfants, » continua Bill. En prononçant ces mots, sa voix se mit à trembler. C’était comme s’il commençait seulement à comprendre l’ampleur de ce qui venait de se passer.
« Savez-vous si elle était en mauvais termes avec quelqu'un ? » demanda Chloé.
« Pas que nous sachions, » répondit Sandra. « Nous nous sommes posés la même question pendant ces deux derniers jours. C'est juste... Ça n'a absolument aucun sens. »
« Peut-être une relation sentimentale qui se soit mal terminée ? » demanda Rhodes. « Un ex petit ami ou quelque chose dans le genre ? »
« Elle avait un ex, » répondit Bill. « Mais elle n’en parlait pas souvent. »
« Mais elle l'a mentionné ? » demanda Chloé.
Sandra parut soudain se souvenir de quelque chose. « En fait, elle nous disait plutôt que c'était quelque chose auquel elle voulait échapper. Et je ne pense pas qu'elle le disait sans le penser. Ce que je veux dire... C'est qu'elle ne parlait jamais vraiment de lui. »
« Connaissez-vous son nom ? » demanda Rhodes.
« Non, » répondit Sandra. Elle regarda Bill mais il se contenta de secouer la tête.
« Est-ce que Kim dormait parfois chez vous ? » demanda Rhodes.
« Oui. Si Bill et moi, nous partions en weekend, elle restait chez nous. Nous avons une chambre d'amis que nous considérions un peu comme la chambre de Kim. Elle restait parfois aussi dormir, les jours où les enfants avaient du mal avec leurs devoirs ou s’ils avaient eu un problème à l'école. »
« C'est quelle chambre ? » demanda Rhodes.
« À l'étage, la première sur la gauche, » répondit Bill.
« Est-ce que ça vous dérangerait de rester dans le coin, au cas où nous aurions des questions après avoir fait un tour à l'intérieur ? » demanda Chloé.
« Mais nous ne devrons pas entrer, n'est-ce pas ? » voulut savoir Sandra.
« Non, » répondit Rhodes. « Vous pouvez rester dehors. »
Sandra eut l’air soulagée à cette réponse. Mais elle regardait toujours la maison comme si elle s'attendait à voir à tout moment un meurtrier sortir avec une hache par la porte d'entrée.
Les Carver restèrent dans l'allée pendant que Chloé et Rhodes se dirigeaient vers le porche. C'était un grand porche, avec une balançoire et deux fauteuils à bascule. Chloé ouvrit la porte et elles entrèrent.
La police locale et la police d'état avaient fait le ménage, d'après les rapports de Garcia. Et d'après ce que Chloé pouvait en voir, ils avaient fait du bon boulot. Bien sûr, ça aurait été beaucoup plus facile de se faire une idée de la scène si les preuves avaient toujours été là – y compris les éclaboussures de sang. Ceux qui avaient contacté le FBI pour reprendre l'affaire n'avaient apparemment aucune idée de la manière dont fonctionnait la police scientifique.
Chloé vit un dossier sur le comptoir de la cuisine – le rapport et les fichiers du shérif, supposa-t-elle. Elle traversa le vestibule et le salon pour aller le prendre. Elle l'ouvrit, passa les pages du rapport préliminaire pour aller directement aux photos de la scène de crime. Elle retourna à la porte d'entrée pour les montrer à Rhodes, et elles examinèrent ensemble les cinq photos, en les comparant à la scène immaculée qu'elles avaient devant les yeux.
Sur les photos, il y avait du sang sur le sol du vestibule, juste devant la porte. Le corps de Kim Wielding gisait étendu par terre, son pied gauche à moins de quinze centimètres de la porte d'entrée. Sur la deuxième photo, il était manifeste qu'elle avait été frappée au visage avec un objet contondant. Elle avait le nez écrasé et la partie inférieure de son visage n'était qu’une bouillie de sang.
« Je pense qu’on peut assumer qu'elle répondait à la porte, » dit Rhodes.
« Ce qui signifie qu'elle connaissait la personne, » ajouta Chloé. « Ou qu'elle attendait quelqu'un. »
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