Le livre d’A. Yu. Mitrofanov «Le Temps d’Anne Comnène» est dédié à la réflexion sur le règne de l’empereur Alexis Ier (1081–1118) et sur son époque dans l’œuvre principale de sa fille, la princesse Anne Comnène (1083–1153/1154), connue sous le nom de l’«Alexiade». Comme l’a mentionné un byzantiniste éminent et historien de l’art Hans Belting, l’empereur Alexis Ier a été représenté par Anna Comnène comme une «icône vivante» (als lebende Ikone)[11]. Cependant, A. Yu. Mitrofanov prouve que malgré le désir d’Anna Comnène d’écrire une biographie élogieuse de son père, en réalité, l’«Alexiade» a largement dépassé le cadre de genre du panégyrique et elle est devenu un miroir de l’époque, dont le sort a largement déterminé le règne de l’empereur Alexis Ier. Anna Comnène a écrit l’«Alexiade» trente ans après la mort de son père et de la tentative infructueuse d’un coup d’état du palais, qui a conduit Anna Comnène à l’exil honorable dans le monastère de la Très Sainte Théotokos de Grâce «Kecharitomene». La princesse a écrit l’«Alexiade» pendant le règne turbulent de son neveu, l’empereur Manuel Ier Comnène (1143–1180), qui a essayé de transformer l’Empire Byzantin dans un hégémon militaire et politique, comme l’était l’Empire Byzantin à l’époque de l’empereur Justinien Ier le Grand (527–565) et de l’empereur Basile II le Bulgaroctone (976–1025), au prix d’efforts incroyables. D’après A. Yu. Mitrofanov l‘«Alexiade», écrite par Anne Comnène vers 1146–1148, était une sorte de testament politique à son neveu auguste et en même temps un manifeste d’opposition, qui était dirigé contre sa politique pro-latine. D’après A. Yu. Mitrofanov c’est la combinaison de biographie, de chronique historique et de manifeste politique actuel qui a fait l’«Alexiade» d’Anne Comnène le livre que Karl Krumbacher a appelé à juste titre «le meilleur travail historique que le Moyen Âge nous a laissé»[12]. Comme A. Yu. Mitrofanov mentionne, les certaines des intrigues de la cour, décrites par Anne Comnène, en particulier les relations amoureuses de l’impératrice Maria d’Alania et Alexis Comnène, trouvent des parallèles dans l’ouvrage du poète seldjoukide Fakhruddin Gurgani (XIme siècle), qui a écrit en persan, et d’après l’opinion de V. F. Minorsky qui s’est appuyé sur le roman chevaleresque parthe perdu[13].
Comme A. Yu. Mitrofanov montre, Anne Comnène, en tant que mémorialiste et contemporaine, a créé non seulement une galerie des portraits des représentants éminents des dynasties impériales byzantines, tels que son père – l’empereur Alexis Comnène, sa mère – l’impératrice Irene Dukena, sa grandmère – Anna Dalassena, sa belle-mère fiancée – l’impératrice Maria d’Alania, mais, en tant qu’historienne, elle a décrit un certain nombre des problèmes ethnographiques et politiques, avec lesquels l’Empire Byzantin a été confronté à la fin du XIme siècle. L’un de ces problèmes a été la naissance du pouvoir des Grands Seldjoukides, qui ont conquis sous l’étenard («Bunchuk») des sultans Togrul-bey (1038–1063), Alp-Arslan (1063–1072) et Malik Shah (1072–1092) Khorasan, l’Iran et les vastes zones de la Méditerranée à Kashgaria, du Caucase au Yémen. Bien que le résultat des conquêtes des Seldjoukides ait été l’apparence des Seldjoukides dans l’Asie Mineure Byzantine et la conquête rapide de la péninsule, cependant, les querelles entre le Grand Sultan Malik Shah et les Seldjoukides anatoliens ont poussé l’empereur Alexis Comnène vers l’alliance avec Malik Shah contre le Sultanat de Rumia. De plus, Alexis Comnène avait déjà utilisé l’aide des Seldjoukides pendant la guerre contre Roussel de Bailleul – un chevalier normand rebelle qui avait essayé de créer sa propre principauté sur les territoires de l’ancien thème byzantin «Arméniaques» en 1074.
A. Yu. Mitrofanov soulève la question de l’origine mongole éventuelle de la grande dynastie seldjoukide à la lumière de l’influence militaire et politique de l’Empire Khitan Liao au Turkestan d’une manière nouvelle et il donne des arguments intéressants en faveur de cette hypothèse. L’un de ces arguments est l’ignorance délibérée du rôle du facteur mongol dans l’histoire de l’Asie Centrale, une ignorance, qui est caractéristique pour les études orientales soviétiques. Cet argument de l’auteur, en particulier, est basée sur l’opinion de l’archéologue excellent, l’ethnographe et l’artiste M. V. Gorelik. Un autre argument d’A. Yu. Mitrofanov est l’hypothèse originale, d’après laquelle il y a une influence littéraire du “Shahnameh” d’Abulqasim Ferdowsi sur l’histoire de Seldjouk, présentée dans le “Malik-nameh” – une épopée seldjoukide des XIme–XIIme siècles, qui est conservée en fragments grâce au travail de Mirkhond et des autres historiens orientaux tardifs. Dans le cadre de cette découverte remarquable A. Yu. Mitrofanov se réfère également aux travaux de G. V. Vernadsky, qui a noté la propagation du christianisme parmi certaines tribus mongoles aux XIme–XIIme siècles. L’auteur compare ce phénomène de la propagation du christianisme parmi les certaines tribus mongoles à l’hypothèse de la confession chrétienne des certains fils de Seldjouk, en particulier Mikail.
Outrement A. Yu. Mitrofanov examine en détail également les fragments de l’œuvre d’Anne Comnène, consacrés au phénomène de la soi-disante imposture byzantine. D’après A. Yu. Mitrofanov l’un des premiers exemples de l’imposture byzantine se manifesta à la fin du règne de l’empereur Léon III l’Isaurien (717–741) avec l’apparition de l’imposteur Pseudo-Tibère Pergamenos, qui s’est déclaré le fils survivant de l’empereur Justinien II Rhinotmétos (685–695, 705–711). Ce fils de Justinian II s’appelait Tiberius et a été assasiné dans son enfance à l’âge de onze ans en 711 devant les yeux de sa grand – mère – l’impératrice Anastasia. En s’appuyant sur les recherches de Paul Speck et des autres chercheurs[14], A. Yu. Mitrofanov suggère que le récit de la source hypothétique la «Vie de Léon» (*Vita Leonis) sur l’assassinat de Tibère, qui avait été réproduit dans la «Chronographie» de Théophane le Confesseur aurait pu être interpolée pendant la rébellion du Pseudo-Tibère Pergamenos pour le démasquer.
D’après les sources du «dossier» de Georges Synkellos, par exemple d’une hypothétique «Histoire de Léon «(*HL), qui était suivie par Théophane le Confesseur dans le récit de l’histoire byzantine après l’année 718, le Pseudo-Tibère Pergamenos a reçu le soutien du Calife Omeyyade Hisham Ibn Abdal-Malik (723–743)[15]. Cette dépendance des ennemis extérieurs de l’Empire Byzantin était caractéristique des imposteurs byzantins ultérieurs, dont Anne Comnène était contemporaine.
C’est pourquoi A. Yu. Mitrofanov examine outrement en détail les fragments d’Anne Comnène sur le Pseudo-Michel et le Pseudo-Diogène I, et il mentionne la rébellion du Pseudo-Diogène II ou le «Devgenevich» des chroniques russes et de son fils le Pseudo-Prince Vasilko Leonovich. Si le Pseudo-Michel était un protégé des normands et de Robert Guiscard personnellement, le Pseudo-Diogène I comptait sur l’aide du Khan des Cumans Tugorkan, tandis que le «Devgenevich» et le Pseudo-Prince Vasilko se bénéficiaient du soutien et de la reconnaissance officielle du Grand-Duc de Kiev Vladimir Monomaque (1113–1125). Vladimir Monomaque est devenu même un apparenté à l’imposteur et il a épousé sa fille Maritsa à «Devgenevich», dont le fils était le Pseudo-Prince Vasilko. Sur la base de ces indéniables faits historiques, prouvés par A. Yu. Mitrofanov, le phénomène de l’imposture byzantine, qui avait été largement documenté et décrit par Anne Comnène et par des autres historiens byzantins mentionnés par l’auteur se manifeste comme une ancienne stratégie bien connue par les imposteurs du trône impérial de l’Empire Byzantin. Il se répète dans la culture politique russe. Cette circonstance s’est manifestée plusieurs siècles plus tard à l’époque des Troubles (1605–1613) et sous le règne de l’impératrice Catherine la Grande (1762–1796), et ensuite elle a influencé la formation du phénomène des chefs soviétiques et du totalitarisme soviétique.
A. Yu. Mitrofanov explore en détail l’état des forces militaires de l’Empire Byzantin et des normands, qui ont été largement décrites par Anne Comnène, et il arrive à la conclusion sur l’occidentalisation de l’aristocratie militaire byzantine à l’époque de l’empereur Alexis Comnène. A. Y. Mitrofanov critique les certains chercheurs qui affirment qu’Anne Comnène n’était pas l’auteur d’un travail original, mais qu’elle n’a élaboré que les notes de son mari, Nicéphoros Bryennios, qui connaissait bien les affaires militaires. C’est pourquoi A. Yu. Mitrofanov examine ces notes de l’époux d’Anne Comnène, Nicéphoros Bryennios. Grâce à ces recherches d’A. Yu. Mitrofanov il est évident qu’Anne Komnene avait fait des recherches indépendantes et qu’elle avait un accès non seulement aux notes de Nicéphoros Bryennios ou aux témoignages de l’évêque de Bari, comme l’a écrit Ya. N. Lyubarsky, mais aussi aux mémoires perdues de George Palaiologos et Tatikios.
Le Livre d’A. Yu. Mitrofanov «Le Temps d’Anne Comnène» n’est pas une sèche monographie scientifique, mais il est une oeuvre, qui est écrite dans une langue littéraire vivante. Ce livre d’A. Yu. Mitrofanov se compare favorablement aux nombreuses publications modernes sur l’histoire de Byzance. De ce point de vue, il nous semble évident qu’A. Yu. Mitrofanov cherche à imiter son héroïne principale – Anne Comnène.
Comme l’a dit une fois un philosophe, Dieu détermine la longitude de la vie humaine, mais la latitude de la vie s’est déterminée par la personne humaine elle-même. Anne Comnène confirme ces paroles pleinement, car la princesse porphyrogénète de la famille impériale byzantine a réussi à accueillir toute une époque de l’histoire byzantine dans sa vie créative…
Das Buch „Das Zeitalter von Anna Komnene“ von A. Yu. Mitrofanov widmet sich der Reflexion über die Regierungszeit von Kaiser Alexios I. (1081–1118) und seiner Ära im Hauptwerk seiner Tochter Prinzessin Anna Komnene (1083–1153/1154), welches als „Alexiade“ bekannt ist. Wie der prominente Byzantinist und Kunsthistoriker Hans Belting feststellte, wurde Kaiser Alexios I. von Anna Komnene als „lebende Ikone“[16] dargestellt. Allerdings weist A. Yu. Mitrofanov nach, dass trotz des Wunsches von Anna Komnene, eine lobende Biographie ihres Vaters zu schreiben, die „Alexiade“ in Wirklichkeit den Genre-Rahmen des Panegyrischen weit übertrifft und zu einem Spiegel jener Ära geworden ist, deren Schicksal die Herrschaft von Kaiser Alexios I. weitgehend bestimmt hat. Anna Komnene schrieb die „Alexiade“ dreißig Jahre nach dem Tod ihres Vaters und dem erfolglosen Versuch eines Palastputsches, der Anna Komnene zu einem ehrenvollen Exil im Kloster des Allerheiligsten Theotokos der Gnade „Kecharitomene“ führte. Dort schrieb die Prinzessin die „Alexiade“ während der turbulenten Regierungszeit ihres Neffen, des Kaisers Manuel I. Komnenos (1143–1180), der auf Kosten unglaublicher Anstrengungen versucht hatte, das Byzantinische Reich zu einer militärischen und politischen Hegemonie zu führen, wie es das Byzantinische Reich in der Ära von Kaiser Justinian I. dem Großen (527–565) und Kaiser Basilius II. dem Bulgarentöter (976-1025) war. Nach A. Yu. Mitrofanov, war die „Alexiade“, geschrieben von Anna Komnene um 1146–1148, eine Art politisches Testament byzantinischer Aristokratie der Komnenen für ihren Neffen in der kaiserlichen Familie und gleichzeitig ein Oppositionsmanifest, das sich gegen dessen pro-lateinische Politik gerichtet hatte. Nach A. Yu. Mitrofanov war es die Kombination einer Biographie, einer historischen Chronik und eines aktuellen politischen Manifests, welche Anna Komnenas „Alexiade“ zu dem Buch machte, das Karl Krumbacher zu Recht als „das Beste historische Werk, das uns das Mittelalter hinterlassen hat“ bezeichnete»[17]. Wie A. Yu. Mitrofanov erwähnt, finden einige der von Anna Komnene beschriebenen Hofintrigen, insbesondere die romantische Beziehung der Kaiserin Maria von Alania und Alexios Komnenos, Parallelen im Werk des seldschukischen Dichters Fakhroddin Gorgani (11. Jahrhundert), welcher auf Persisch schrieb und sich laut V. F. Minorsky auf den verloren gegangen Parthischen Ritterroman stützte[18].
Wie A. Yu. Mitrofanov zeigt, hat Anna Komnene, als Zeitgenossin, nicht nur eine Galerie von Porträts prominenter Vertreter der byzantinischen Kaiserdynastien geschaffen, wie das Porträt ihres Vaters, des Kaisers Alexios Komnenos, desgleichen ihrer Mutter, der Kaiserin Irene Dukena, ihrer Großmutter, Anna Dalassena, sowie der Mutter ihres Verlobten, das heißt, ihrer Schwiegermutter, der Kaiserin Maria von Alania, sondern als Historikerin hat sie auch eine Reihe von ethnographischen und politischen Problemen skizziert, mit denen das Byzantinische Reich am Ende des 11. Jahrhunderts konfrontiert wurde. Eines dieser Probleme war das Aufkeimen der Macht der Großen Seldschuken, die unter dem „Bunchuk“, der Standarte der Sultane Tughrul-beg (1038–1063), Alp-Arslan (1063–1072) und Malik Schah (1072–1092) Khorasan, Iran und weite Gebiete vom Mittelmeer bis nach Kaschgaria, vom Kaukasus bis zum Jemen eroberten. Obwohl das Ergebnis der seldschukischen Eroberungen das Erscheinen der Seldschuken im byzantinischen Kleinasien sowie die rasche Eroberung der Halbinsel zur Folge hatte, drängten die Fehden zwischen dem großen Sultan Malik Schah und den anatolischen Seldschuken den Kaiser Alexios Komnenos in ein Bündnis mit Malik Schah gegen das Sultanat Rumia. Darüber hinaus hatte Alexios Komnenos bereits während des Krieges gegen Roussel de Bailleul die Hilfe der Seldschuken in Anspruch genommen, als Roussel de Bailleul, ein rebellischer normannischer Ritter im Jahr 1074 versucht hatte, auf den Gebieten des alten byzantinischen Themas der Armeniaken sein eigenes Fürstentum zu errichten.
A. Yu. Mitrofanov wirft die Frage nach einer möglichen mongolischen Herkunft der Großen seldschukischen Dynastie im Lichte des militärischen und politischen Einflusses des Khitan Liao-Reiches in Turkestan auf neue Weise auf und führt für diese Annahme interessante Argumente an. Eines dieser Argumente ist die These des Autors von einem, für die sowjetische Orientalistik charakteristischen, bewussten Ignorieren der Rolle des mongolischen Faktors in der Geschichte Zentralasiens, ist. Diese These des Autors basiert insbesondere auf der Forschung des exzellenten Archäologen, Ethnographen und Künstlers M. V. Gorelik. Ein weiteres Argument von A. Yu. Mitrofanov ist die originelle Annahme eines literarischen Einflusses des „Shahnameh“ von Abulkasim Firdausi auf die Geschichte Seldschuks aus dem „Malik-nameh“. Dieses ist ein seldschukisches Epos des XI. – XII. Jahrhunderts, ein Epos, das dank der Arbeit von Mirkhond und einigen anderen spätöstlichen Historikern in Fragmenten erhalten geblieben ist. A. Yu. Mitrofanov bezieht sich für diese bemerkenswerte Entdeckung des Weiteren auch auf die Werke von G. V. Wernadskij, der die Ausbreitung des Christentums unter einigen mongolischen Stämmen im XI. – XII. Jahrhundert feststellt. Der Autor A. Yu. Mitrofanov vergleicht dieses Phänomen der Ausbreitung des Christentums unter einigen mongolischen Stämmen mit der Hypothese des christlichen Bekenntnisses einiger Söhne von Seldschuk, insbesondere seines Sohnes Mikail.
Des Weiteren untersucht A. Yu. Mitrofanov auch diejenigen Fragmente der Arbeit von Anna Komnene im Detail, welche dem Phänomen der sogenannten byzantinischen Usurpatoren Kaiser gewidmet waren. Nach A. Yu. Mitrofanov war eines der ersten Beispiele eines solchen Usurpators das Erscheinen des Usurpators am Ende der Regierungszeit von Kaiser Leo III. dem Isaurier (717–741). Jener Pseudo-Tiberius Pergamenus hatte sich zum überlebenden Sohn von Kaiser Justinian II. Rhinotmetos (685–695, 705–711) erklärt. Dieser Sohn Justinians II. hieß Tiberius und ist 711 im Kindesalter von elf Jahren vor den Augen seiner Großmutter, Kaiserin Anastasia, ermordet worden. Gestützt auf die Forschungen von Paul Speck und von anderen von A. Yu. Mitrofanov zitierten Forschern[19] stell. Mitrofanov die folgende Hypothese auf, dass die hypothetische Geschichte „Das Leben Leo“ (*Vita Leonis) über den Mord an dem kleinen Tiberius, jene Geschichte, welche in der „Chronographie“ von Theophanes Confessor reproduziert worden war, möglicherweise während der Rebellion des Pseudo-Tiberius Pergamenos interpoliert worden war, um diesen Pseudo-Tiberius Pergamenos zu entlarven.
Nach Quellen des „Dossiers“ von Georgios Synkellos – eine daraus ist, zum Beispiel, die hypothetische „Geschichte von Leo und Konstantin“ (*HL), welcher Theophanes Confessor in seiner Erzählung der byzantinischen Geschichte nach
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